Vauban décrit en 1707 ce qui lui paraît le minimum vital pour une famille ouvrière française, le seuil au-dessous duquel la survie n’est plus possible. La ration correspond à quelques 1500 calories, mélange de blé et d’autres céréales appelé méteil dont la part dans le budget total est presque de 70 %. Mais dans les pays développés actuels, la part de l’alimentation pour les ménages ouvriers s’établit à moins de 20 % et la place du pain est tombée en dessous de 3 %. Pour les pays riches, le seuil de pauvreté devient complètement relatif et s’exprime par rapport au niveau de revenu médian de la population ; le minimum vital devient alors indéfinissable et le niveau de besoins indéfini puisque sa base de calcul est variable. Dans ce contexte d’enrichissement sans frein, aucun dirigeant d’un pays, quel que soit le niveau de vie obtenu, n’a annoncé un projet de stabilisation de la demande de ses nationaux qui sont adressées aux ressources de la planète ; à l’économie de subsistance a succédé la tyrannie de l’excédent. Il faut en revenir aux schémas mentaux des sociétés premières dont rien dans le fonctionnement ne permet la différence entre le plus riche et le plus pauvre car personne n’y éprouve le désir baroque de faire, posséder ou paraître plus que le voisin. Les véritables sauvages aujourd’hui, c’est la classe globale qui circule en automobile et détruit l’environnement. Les humains ne devraient jamais penser en termes de maximum ou de minimum, mais en termes d’optimum global.
Limitez l’expansion indéfinie de vos désirs,
c’est la seule voie réaliste vers une société d’abondance.