Dans les sociétés traditionnelles, vous n’avez pas à exprimer une opinion car la pression sociale organise les comportements et entrave l’expression verbale des opinions personnelles. On pratique par exemple les rites religieux sans avoir d’opinion sur la religion puisque tout le monde fait ainsi et cela va sans le dire. L’expression « opinion publique » apparaît au milieu du XVIIIe siècle en France avec une connotation péjorative : c’est la rumeur, les sentiments partagés par un peuple politiquement immature. C’est au moment de la Révolution française qu’émerge un espace de discussion : les intellectuels et la bourgeoise éclairée se rencontre dans les cafés et les salons, on peut lire les premiers organes de presse, alors une sphère publique se constitue. Puis tout au long du XIXe siècle, l’opinion s’exprime dans l’organisation de regroupements divers, de partis, de syndicats, mais l’opinion publique reste encore une représentation socialement construite par les notables. A mesure que les citoyens deviennent plus égaux et plus semblables, le penchant de chacun de suivre aveuglement la clairvoyance de l’élu diminue : l’expression d’opinions va de pair avec l’individualisation des comportements. La formation de l’opinion publique se retrouve dorénavant au confluent de multiples conditionnements qui échappent pour une grande partie à la rationalité ou même au raisonnable, ce qui n’empêche pas de la mesurer par les sondages et les enquêtes d’opinion.
Seul la référence à l’équilibre de la Biosphère
peut servir de guide à l’opinion.