Paul Watson est le fondateur de l'organisation non gouvernementale Sea Shepherd («Berger de la mer»), qui se consacre à la protection des océans. La justice allemande a décidé le vendredi 18 mai de libérer sous caution Paul Watson en attendant l'examen d'une demande d'extradition vers le Costa Rica. Le tribunal de Francfort (ouest) a indiqué dans un communiqué que les faits signalés dans la requête du Costa Rica étaient réprimés par le droit allemand et n'étaient pas prescrits. Le mandat d'arrêt contre Paul Watson est politiquement motivé par la dénonciation par Sea Sheperd de l’ampleur de la corruption au sein du gouvernement, sous influence directe du gouvernement taiwanais.
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Paul Watson : "Cette campagne pour les requins au Costa Rica a été effectivement très révélatrice de l’ampleur de la corruption au sein du gouvernement d’Abel Pacheco, sous influence directe du gouvernement taiwanais. La suite des événements a d’ailleurs confirmé toutes nos allégations : Pacheco avait reçu 11 millions de dollars sur un compte bancaire au Panama, payés par les Taiwanais. Alors qu’on patrouillait les eaux costariciennes, nous sommes tombés sur un navire taiwanais en train depêcher illégalement des requins et nous l’avons signalé aux garde-côtes. Claudio Pacheco était le frère du président et aussi le chef des garde-côtes, et il a été assez honnête avec nous. Il nous a dit franco : « Si ce navire est taiwanais, on ne peut rien faire. » Il a ajouté qu’on pouvait prendre des photos si on voulait, mais que les garde-côtes ne bougeraient pas le petit doigt contre les Taiwanais. Claudio Pacheco a fini par perdre sa place d’ailleurs, parce qu’il essayait de trop bien faire son boulot. Le Costa Rica a la réputation d’être un pays très orienté sur la conservation de la nature, alors que c’est en fait le pire pays d’Amérique centrale pour ce qui est de la pêche aux ailerons de requins. La destruction des îles Cocos, lieu de concentration des requins au large du Costa Rica, est une véritable tragédie. Les rangers font de leur mieux mais ils n’ont pas d’équipement et ne reçoivent aucun soutien du gouvernement. Nous avions des caméras et quarante-cinq témoins à bord pendant notre confrontation avec les pêcheurs du Costa Rica. Les pêcheurs n’avaient pas de caméras et nous ont accusés d’avoir essayé de les tuer. Nous avons montré nos preuves à la cour de Punta Arenas et leur plainte a été rejetée. Alors ils ont fait appel à un autre juge et un autre procureur et là encore, la plainte a été rejetée. Deux semaines plus tard, ils m’ont dit qu’ils allaient m’arrêter parce qu’au Costa Rica, on peut vous mettre en prison pendant une année, le temps que l’enquête mène son cours. Je leur ai répondu que je n’avais pas l’intention de jouer à ce petit jeu, donc nous avons mis les voiles, les garde-côtes à nos trousses. Un an plus tard, j’ai appelé pour savoir où en était l’enquête. Ils m’ont dit qu’ils ne commenceraient pas à enquêter tant qu’ils ne m’auraient pas arrêté et mis en prison. Plus tard, le juge chargé de l’affaire m’a dit qu’il classerait le dossier si je lui donnais 100 000 dollars. J’ai bien sur refusé".
- extrait du livre "Entretiens avec un pirate", paru la semaine dernière chez Glénat