C’est en 1949 qu’un discours du président américain Truman invente la notion de sous-développement : « Nous devons nous engager dans un nouveau programme audacieux et utiliser notre avancée scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique dans les régions sous-développées ». La société thermo-industrielle devient ainsi une référence universelle, il faut passer obligatoirement par les cinq étapes de la croissance économique, c’est-à-dire dépasser l’état de société traditionnelle, faire son décollage économique pour aboutir à l’ère de la consommation de masse. Cette théorie du parcours obligé a merveilleusement servi les intérêts des grandes puissances dans un monde de libre-échange et d’accumulation du capital privé. Pourtant les multinationales déséquilibrent les marchés locaux et dans un monde déjà occupé par la classe globale, les nouveaux arrivants ne trouvent plus de place si ce n’est dans les bidonvilles. Aux trois manières historiquement éprouvées pour régler la question de la pauvreté, action caritative, répression ou obligation pour les pauvres de se rendre utile, les organisations internationales en ont rajouté une quatrième : l’obligation de s’enrichir. Dans l’Afrique traditionnelle au contraire, on considère comme pauvre non pas celui qui manque de moyens matériels, mais celui qui n’a personne vers qui se tourner, devenant ainsi un orphelin social, un pauvre en relations. Telle est la voie de la sagesse.
Que chacun vive en harmonie sur son territoire,
Avec son milieu d’appartenance humain et non-humain.