Les sociétés humaines deviennent si vastes et si complexes qu’elles manipulent les nombres pour essayer de s’y retrouver. Dans les sociétés démocratiques, c’est même un signe de transparence que de vouloir rendre l’information accessible au travers du prisme de la quantification. Cependant si la statistique a un sens, c’est uniquement celui de porter le regard vers une question jugée socialement digne d’intérêt. Les Américains n’ont commencé à mesurer le chômage qu’en 1930, au moment de la grande crise, quand le gouvernement fédéral s’est vu obligé de gérer ce problème. Si les violences à enfant donnent aujourd’hui lieu à des statistiques, c’est parce que l’abus sexuel ou physique quitte le domaine de la sphère privée pour devenir socialement condamnables. Cela signifie surtout que les humains multiplient les objets statistiques au fur et à mesure que l’évolution sociale et environnementale lui échappe : on multiplie maintenant les études statistiques sur l’état de la planète car le déséquilibre écologique devient insoluble. Jamais la perception de la réalité par les grands et petits nombres n’a permis de résoudre aucun des problèmes, le chômage, les violences, les inégalités, la pollution de l’eau, le réchauffement climatique… Comprendre n’est pas agir, payer n’est pas résoudre. Sur la période 1996-1999, les régions françaises ont consacré l’équivalent de 1,9 euros par habitants pour leurs dépenses en faveur de l’environnement. Auraient-elle dépensé mille fois plus qu’elles ne pourraient compenser les détériorations de l’environnement par les consommations de la classe globale.
Soyez moins nombreux
pour que vous puissiez vous compter vous-mêmes
et compter sur la Biosphère !