Chacun doit faire preuve d’exemplarité, pas seulement en limitant sa consommation matérielle. Il s’agit de montrer que le sens des limites ne progressera dans les mentalités que s’il y a interaction entre les comportements individuels et les décisions collectives. Limiter aujourd’hui ses déplacements personnels en voiture individuelle permettra demain de supprimer toutes les voitures et organiser la civilisation de l’après-pétrole. Refuser en tant qu’élu de cumuler les mandats facile la décision finale de supprimer le cumul pour l’ensemble de la classe politique. Ce mécanisme d’interaction spéculaire est nécessaire pour permettre le changement social, il va à l’inverse de la logique du capitalisme libéral.
« Les difficultés d’un recomposition sociale sont politiques et tiennent à la question de l’autoacceptation par l’opinion de contraintes fortes. L’opinion doit accepter des contraintes opposées à ses désirs (de déplacements sans limites, de puissance sans limites, de consommation sans limites). On se confronte au fait que le libéralisme, doublé d’une puissance de feu marketing sans égale, a fini par faire croire à l’opinion qu’il était possible et même souhaitable de faire le contraire. Le discours réaliste sur les contraintes est même interprété comme un discours malthusien ou castrateur. Le déni est très fort et il fait le lit des sceptiques démagogiques qui entretiennent la tentation de penser que la technique va nous « sauver ». (Vers une société sobre et désirable , 2010)