Notes de voyage en écosocialisme (Joël de Rosnay, décembre 1974, à la fin du livre Le macroscope, vers une vision globale )
« C’est un scénario parmi d’autres. Pour un monde parmi d’autres. Il contient une part de rêve ? J’en conviens. Mais il est important de rêver. Et pourquoi ne prendrait-on pas ses rêves pour des réalités ?
- Ecosocialisme, écosociété, écocitoyen, écoparlement… Le préfixe « éco » symbolise la relation étroite entre l’économie et l’écologie.
- L’avènement de l’écosociété s’est déroulé en trois grandes étapes, l’économie de survie (société primitive), l’économie de croissance (société industrielle) et l’économie d’équilibre (société postindustrielle ou écosociété).
- L’économie d’équilibre est une économie régulée, au sens cybernétique du terme. Certains secteurs peuvent passer par des phases de croissance ; d’autres sont maintenus à l’équilibre dynamique ; et d’autres encore à un taux de croissance « négative ».
- A la différence des sociétés industrielles structurées « du haut vers le bas », l’écosociété s’est construite du « bas vers le haut ». A parti de la personne et de sa sphère de responsabilités : par la mise en place de communautés d’utilisateurs.
- La consommation en énergie est maintenue au niveau où elle se trouvait au début des années 1980. Ce n’est pas l’austérité monacale, l’énergie est mieux répartie, mieux économisée, plus efficacement utilisée.
- Le taux de naissance est maintenu au taux de renouvellement de la population ; laquelle se maintient à l’état stationnaire.
- La création de filières de récupération a permis de reconnecter les cycles correspondants au métabolisme de l’organisme social avec les cycles naturels de l’écosystème.
- L’écosociété est décentralisée, communautaire, participative. L’écosociété repose sur le pluralisme des idées, des styles et des conditions de vie.
- C’est une société « rurale », intégrée par un réseau de communication extraordinairement développé. Ce réseau permet d’éviter les déplacements inutiles. Beaucoup de gens travaillent chez eux.
- Alors que la maîtrise de la mégamachine, sécrétée par les sociétés industrielles, exigeait une sur-éducation, l’enseignement de l’écosociété est considérablement réduit. Il est à la fois plus global, plus pratique et plus intégré à la vie.
- L’assistance médicale mutuelle est réalisée à grande échelle. On consomme moins de médicaments, on fait moins appel aux médecins. On cherche plus à stimuler les défenses naturelles de l’organisme, qu’à agir de « l’extérieur » à coups de substances chimiques.
- Des programmes de mise en route de nouvelles centrales nucléaires ont été abandonnés. La décentralisation des moyens de transformation de l’énergie a conduit à l’exploration de nouvelles sources. Mais ce sont surtout les économies d’énergie et la lutte généralisée contre le gaspillage qui ont permis de stabiliser la consommation en énergie.
- La transparence de l’écosociété conduit à faire jouer deux motivations à l’action, la compréhension de l’utilité de son geste et le sens de la responsabilité sociale.
- Les produits manufacturés sont plus robustes, plus faciles à réparer. Ce qui revitalise toutes sortes d’activités d’entretien et de réparation. L’artisanat renaît vigoureusement.
- L’écosociété, c’est aussi l’explosion du qualitatif et de la sensibilité.
- Une bioéthique renforce la nouvelle morale de l’écosociété.
- La mort est acceptée, réintégrée à la vie. Les personnes âgées participent à la vie sociale ; elles sont l’objet du respect et de la considération.