Sans l’énergie solaire et sans ce processus improbable qu’est la vie, nous ne serions que des assemblages aléatoires d’atomes soumis à la dispersion entropique. L’énergie ne peut être créée ou détruite, mais seulement transformée ; lors de ces transformations, quelque chose se dégrade irréversiblement. Ce quelque chose est l’« utilisabilité » de l’énergie, et la dégradation se nomme entropie. Les systèmes sociaux n’échappent pas à l’analyse thermodynamique. Une ville, par exemple, exige des concentrations massives d’énergie fossile et de matériaux qui la dotent d’une énorme empreinte écologique. Bref, l’économie réelle d’une ville, d’un pays, d’un continent doit s’intéresser autant aux mouvements d’énergie et de matériaux qu’aux transactions humaines.
S’intéresser, au sens de prendre en compte, et non de calculer les coûts des services publics de la nature à l’intérieur de l’économie néoclassique, bien qu’il soit parfois éclairant « d’internaliser ces externalités » (le vocabulaire même de l’économie conventionnelle trahit l’exclusion qu’elle fait de la nature). (in Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet)