- La biodiversité désigne une politique de coexistence des êtres vivants sur une planète aux ressources limitées. La diversité des cultures humaines et des imaginaires est indissociable de la diversité biologique. La biodiversité ne se limite donc pas à l’inventaire des espèces vivantes. La convention sur la diversité biologique a été adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Les signataires de la convention se disent (dans son préambule) conscients de la valeur intrinsèque de la diversité biologique et de la valeur de la diversité de ses éléments constitutifs sur les plans environnemental, génétique, social, économique, scientifique, éducatif culturel, récréatif et esthétique ».Elle affirme la souveraineté de chaque Etat sur ses ressources. Mais la frontière entre bioprospection et biopiraterie reste floue.
La convention devait comporter un volet financier. Elle en a été privée sous la pression des Etats-Unis. Plus de dix ans après Rio, la conférence de La Haye sur la biodiversité a réaffirmé la nécessité de se doter d’un mécanisme financier. Avec un peu de chance, il sera adopté dans vingt ou trente ans… Ici comme ailleurs, la valeur marchande domine la valeur écologique ; il revient moins cher de couper des arbres sans se soucier de l’avenir que de pratiquer une gestion durable. Et que valent une girafe, un lamantin ? Quelle valeur donner à un paysage ? Que vaut le chant du loriot qui enchante la colline au petit matin ? Son extinction sera-t-elle jamais compensable ? Les humains se sont habitués à jouir des écosystèmes en oubliant leur valeur écologique. (in Sauver la terre d’Yves Cochet et Agnès Sinaï)
- François RAMADE, professeur d’écologie et de zoologie à l’université de Paris-Sud : « Les épisodes géologiques d’extinction massive ont certes pu provoquer de véritables hécatombes parmi les espèces vivantes. Toutefois, même les cinq d’entre eux qui furent les plus apocalyptiques se sont néanmoins effectués sur des durées se chiffrant en centaines de milliers, voire en millions d’années. Le sixième épisode d’extinction massive, celui auquel nous assistons actuellement, est le seul fait de l’action de l’homme et d’effectue à une vitesse 1000 à 10 000 fois supérieure à celle des plus rapides extinctions géologiques du passé ! Ainsi il est estimé que la destruction des forêts pluvieuses tropicales conduirait, à son rythme actuel, à la disparition de la moitié des espèces qui les peuplent, soit au minimum quelque 2,5 millions d’espèces vivantes d’ici à 2050. La situation est proportionnellement pire encore dans de nombreux groupes d’animaux. Ainsi sur les 4000 espèces de mammifères peuplant la biosphère, plus de 1000 sont dès à présent menacés de disparition.
On ne peut éluder la dimension éthique justifiant la conservation de la biodiversité. En vertu de quelle autorité notre espèce pourrait-elle s’arroger le droit de procéder au cours du présent siècle à l’ultime génocide, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, qui tiendra à l’anéantissement de plusieurs millions d’espèces vivantes ? La conservation de la biodiversité apparaît comme un impératif catégorique pour la communauté des nations. Il s’impose à l’ensemble des humains de prendre conscience de l’interdépendance de leurs actions sur l’environnement global, en particulier des conséquences désastreuses de l’utilisation anarchique des ressources naturelles. Les conséquences écologiques globales qui en résultent compromettent de plus en plus l’équilibre de la biosphère. Il n’est donc pas exclu, en définitive, que si notre espèce ne met pas en œuvre les mesures radicales qui s’imposent pour inverser les tendances actuelles, elle ne connaisse à son tour le sort des dinosaures dans un avenir plus rapproché qu’on ne pourrait l’imaginer. » (in STOP de Laurent de BARTILLAT et Simon RETALLACK)