L’EP prévoit de bouleverser les paradigmes dominants des sociétés industrielles. Une norme authentique est une norme dont la validité est indépendante de toute relation moyens/fin. Sa réalisation a une valeur intrinsèque. Mais toute franchise normative doit s’accompagner d’une élimination de tout absolutisme, de notre arrogance et de toute ambition d’universalité. Accepter une norme particulière en tant que fondamentale, ou norme de base, ne revient pas à affirmer son infaillibilité ni son indépendance par rapport à ses conséquences concrètes dans des situations pratiques.
La force de l’EP dépend de la volonté et de l’habileté de ses partisans à convaincre les experts à prendre part aux discussions environnementales en termes de valeurs et de priorité de valeurs. Nos normes sont dépendantes de nos croyances à propos des relations d’interdépendance au sein de la biosphère. Pour l’EP, il y a égalitarisme biosphèrique de principe. Les ressources du monde ne sont pas seulement des ressources pour les êtres humains. Légalement, nous pouvons posséder une forêt, mais si nous détruisons les conditions de vie en forêt, nous transgressons une forme de l’égalité. L’égalité de droit à vivre et à s’épanouir est un axiome éthique intuitivement évident. Sa restriction aux humains est un anthropocentrisme aux effets négatifs sur la qualité de vie des humains eux-mêmes. Cette qualité dépend en partie de la satisfaction que nous recevons de notre étroite association avec les autres formes de vie. Tenter d’ignorer notre dépendance et d’établir avec la nature un rôle de maître à esclave a contribué à l’aliénation de l’homme lui-même. Le combat pour la préservation et l’extension d’aires de vie sauvage (wilderness) ou proches de la vie sauvage doit continuer pour permettre la poursuite de la spéciation évolutive des animaux et des plantes.
C’est mon souhait que les êtres dotés d’un cerveau comme le nôtre, fruit d’un développement de plusieurs centaines de millions d’années en interaction avec toutes les formes de vie, défendent un mode de vie qui ne soit pas favorable uniquement à leur propre espèce mais à la totalité de l’écosphère dans toute sa diversité et sa complexité. (cf. Arne Naess)