Il ne faut pas voir dans ce terme de richesse une vision simplement économiste du monde ; on peut en effet évoquer la richesse du langage, une riche idée, une pensée riche de contradictions, un tableau d’une grande richesse de couleurs, un livre riche d’enseignements Ne laissons pas les économistes confisquer à leur profit cette expression. Après cette analyse générale, le livre démarre sur une critique du PIB (simplement égal à la consommation + l’investissement) pour aborder ensuite les indicateurs alternatifs comme l’empreinte écologique, l’IPV (indicateur de progrès véritable) ou l’IBED (indicateur de bien-être véritable).
Ces indicateurs sont par nature complexes, ainsi cette formule :IBED = consommation marchande des ménages + services du travail domestique + dépenses publiques non défensives + formation de capital productif (investissement) - (dépenses privées défensives + coûts des dégradations de l’environnement + dépréciation du capital naturel). Les dépenses défensives sont définies par les dépenses (et la production correspondante) qui servent à réparer les dégâts provoqués par des activités humaines de production ou de consommation. Certains analystes estiment que la moitié des dépenses publiques sont de type défensif, ce qui diminue d’autant le bien-être véritable. La vision de l’évolution historique change d’ailleurs complètement selon que l’on s’appuie sur le PIB ou sur les indicateurs de développement durable. Ainsi pour le Royaume-Uni, le PIB par habitant augmente constamment entre 1950 et 1990, par contre l’IBED/hab. diminue à partir de 1974 pour se retrouver en 1990 à un niveau quasi-identique à celui de 1950.
Le PIB a mis quelques décennies pour s’imposer en tant qu’indicateur principal de la comptabilité nationale, le problème pour la Biosphère est que l’IBED (ou ses équivalents) n’a pas autant de temps pour préparer la nécessaire rupture avec nos modèles actuels de consommation et de production… (in Les nouveaux indicateurs de richesse de Gadrey et Jany-Catrice)