Le mythe technologique de l’exploitation sans contrainte de la Nature empêche de voir que tous les systèmes économiques comportent un système de rationnement. Comme les conditions dans lesquelles les humains produisent et échangent varient de période à période, le type de rationnement n’est pas le même, il est historiquement déterminé. Ainsi la France de 1948, dans la pénurie d’après-guerre a réduit sa production d’électricité en écartant l’idée du nombre de jours de coupure et un arrêt général de l’industrie pendant une ou deux semaines. Les sacrifices ont donc été répartis par la révision des contingents de tous les utilisateurs : la consommation pour les usages domestiques a été réduit de 30 % en imposant des quantités délimitées. Pour atteindre le quota mensuel imparti, on multipliait par 20 kWh le nombre de personnes vivant au foyer, augmenté d’une unité. Pour le moment la magnificence de la technologie moderne, de l’argent et du pouvoir sur la Nature est si séduisant que personne actuellement ne peut lui résister. Quand les énergies fossiles auront dépassé leur pic de production, quand il faudra sortir du nucléaire, la France et la classe globale mondiale devra à nouveau choisir un jour un type de rationnement. L’enseignement du mahatma Gandhi, une existence simple dans une société simple, deviendra la référence si les consciences comprennent qu’il faut équitablement partager la pénurie.