Nostalgie, quand tu nous tiens ! De Charbonneau père à Charbonneau fils, ce livre nostalgique à la couleur et la senteur du passé. Ce dernier livre de Simon est sans aucun doute à la mémoire de son père Bernard, cité très souvent en référence. Le père était pêcheur de truites, le fils était chasseur, à une époque où les poissons ne sortaient pas de la lessiveuse et les oiseaux d’un élevage. Simon confie : « En raison d’une prise de conscience précoce née d’un contexte familial hors normes, les changements rapides qui ont affecté le monde de ma jeunesse ont été une cause de souffrance permanente. » Alors le livre oscille entre l’impossible nostalgie et la condamnation du monde moderne, dénaturé. Mais la conclusion est claire, c’est l’effondrement de l’idéologie du progrès qui va nous ouvrir les yeux.
Le constat est terrible, entre nous et la nature l’expansion du virtuel remet en question le principe de réalité, les innovations technologiques s’imposent et nous contraignent, les plus jeunes, incapables de discerner le bien du mal, découvrent sans le savoir l’obsolescence du présent, le mouvement brownien de marchandises à travers le monde symbolise une perte totale de finalités humaine, les produits agricoles sont assimilés à des produits industriels, la guerre économique crée son lot de victimes… Pour démêler l’imbrication de toutes les crises, il faudrait que chaque citoyen accède à une inaccessible culture. Le pouvoir politique est impuissant, complètement intégré au système qu’il faudrait changer. Alors, d’où peut bien découler une prise de conscience personnelle ? De la conscience du caractère inéluctable de la catastrophe qui nous permet de sortir de nos habitudes, de résister aux déterminismes actuels, de renoncer à la fascination de la puissance, de réduire la vitesse, de choisir la décroissance. Mais selon Simon Charbonneau il ne faut pas se faire d’illusion, le changement de comportement des consommateurs comme la révision complète des politiques publiques ne se fera que sous l’emprise de la nécessité.
Un livre à savourer comme le parfum d’un monde perdu qu’on voudrait éperdument retrouver…
(éditions Sang de la Terre, 2012)
Créées en 1986, les éditions françaises Sang de la Terre ont été les premières à explorer les domaines de l'écologie et du rapport entre l'environnement et la société. Elles publient aussi bien des auteurs réputés (Claude Bourguignon, Nicholas Georgescu-Roegen, Robert Hainard, François Terrasson…) que des auteurs moins connus.