Paul Watson, avec son association Sea Shepherd, traverse les mers pour venir au secours des cétacés et des océans. Interrogé par Lamya Essemlali, il se livre complètement dans « Capitaine Watson, entretien avec un pirate ». C’est un écoguerrier qui mérite d’être soutenu, d’autant plus qu’il a souvent des ennuis avec la justice. Voici quelques extraits recomposés de son discours :
1/7) L’origine d’un engagement au risque de sa vie
J’ai côtoyé l’horreur. J’ai vu des bébés phoques dépecés vivants. J’ai vu des baleines, magnifiques et intelligentes, agoniser sans fin. Lorsque j’ai croisé le regard d’une baleine mourante, j’y ai vu de la pitié pour nous, ses bourreaux. Ce jour de 1975, ma vie a changé pour toujours et je suis alors devenu biocentrique, c’est-à-dire que je considère que les autres espèces ne sont pas inférieures à la nôtre. Se concentrer sur notre famille nucléaire nous a amenés à négliger et ignorer la famille naturelle. Conserver et protéger la capacité de charge de la planète devrait être une priorité pour chacun d’entre nous.
Les cultures indigènes ont tendance à être biocentriques et je les considère donc comme des alliées. La plupart de ces peuples ont en commun d’avoir placé la Terre et les autres espèces avant eux-mêmes. Etre écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie. Tout ce que nous faisons aujourd’hui aura un impact significatif sur le genre de monde que nous laisserons dans 100 000 ans, dans un million d’années. Chaque espèce que nous menons à l’extinction envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif. L’écologie profonde place la vie au centre de toutes choses – pas la seule vie humaine, la vie dans son ensemble. Donc oui, je me considère comme appartenant à cette mouvance parce que je soutiens que la biosphère est plus importante que les gens. Ce que je veux dire, c’est que protéger la nature, c’est protéger l’humanité. Ce n’est pas un parti pris anti-humain, c’est juste une approche réaliste. L’idée d’un parti vert est plutôt bonne, mais en pratique, elle semble corrompue par des valeurs anthropocentriques, à tel point que l’on se retrouve avec un parti vert allemand qui soutient la guerre en Afghanistan.
Agir avec Sea Shepherd implique de s’opposer de manière directe à des activités destructrices et extrêmement lucratives. Par conséquent cela nécessite forcément de prendre des risques ; pour rejoindre nos navires, nous devons être prêts à mourir ; ce n’est pas de la rhétorique, c’est une réalité. Les gens trouvent que c’est bien trop demander que d’exiger que les volontaires soient prêts à risquer leur vie pour un animal. Pourtant nous vivons dans un monde où nous demandons aux gens de risquer leur vie ou de tuer pour du pétrole… Je pense qu’il est bien plus noble de risquer sa vie pour une espèce ou un habitat en danger.
Ce que nous faisons avec Sea Shepherd est juste et dans l’intérêt de notre futur. Le métier parfait est celui que l’on fait tous les jours sans ressentir l’envie de vacances, sans concevoir la retraite. J’ai un métier parfait et je n’imagine pas pouvoir arrêter un jour. Nous faisons ce que nous faisons parce que nous en concevons par de ne pas le faire.
2/7) Les trois lois basiques de l’écologie
L’acte de bienfaisance ultime envers les gens est de préserver la biosphère qui les maintient en vie. La Terre, comme tout vaisseau spatial, possède un système de maintenance vital : c’est la biosphère, qui nous fournit l’air que nous respirons, les aliments qui nous nourrissent… Pour garder ce système opérationnel, il faut tout un équipage, bactéries, insectes, vers, poisson. Nous humains ne sommes que des passagers, nous ne faisons que prendre. Nous passons notre temps à nous tuer les uns les autres pour de stupides petites choses, nous croyons être des entités individuelles, alors que chacun d’entre nous est un être symbiotique. Il y a dans notre corps cent fois plus de bactéries que de cellules. On peut difficilement être plus intimement connecté à la nature. Si nous voulons survivre sur cette planète, il nous faut vivre en concordance avec les lois de l’écologie :
- La première loi est la diversité. La force d’un écosystème repose sur la diversité des espèces qui le composent. L’appauvrissement de la biodiversité est encore plus problématique que le réchauffement climatique parce que…
- la deuxième moi est l’interdépendance : toutes les espèces ont besoin les unes des autres.
- la troisième loi de l’écologie est la loi des ressources finies : il y a une limite à la croissance et une limite à la capacité de charge de la planète.
Nous violons constamment ces trois lois basiques de la nature. Or aucune espèce n’a jamais survécu sur cette planète sans être en concordance avec les lois naturelles de base. Le monde est rempli de foules décérébrées qui vivent dans des univers fantaisistes basés sur la religion ou le divertissement. Le monde est rempli d’imbéciles écologiques qui vivent dans le déni de la réalité naturelle. Les cafards sont plus intelligents que nous. L’intelligence d’une espèce se mesure à sa capacité à vivre en harmonie avec le monde naturel.
3/7) Des modalités d’action non violentes
Sea Shepherd est une organisation tellement non-violente que ni viande, ni poisson, ni quoi que ce soit qui ait un jour appartenant à un être sensible ne figure aux menus de nos bateaux. J’adhère à la non-violence, qui consiste à n’infliger aucun blessure à un être sensible, quel qu’il soit. Sea Shepherd peut effectivement détruire la propriété privée, mais seulement si l’objet en question est utilisé illégalement pour détruire une vie. Je considère qu’un outil, une arme ou tout objet utilisé illégalement pour prendre une vie devrait être saboté ou détruit pour protéger cette vie. Pour moi, il s’agit d’un acte de non-violence. Je crois cependant que s’il fallait, un jour, choisir entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. Le génie de Gandhi en Inde a été de discerner le point faible des Anglais : leur sens de la droiture. Dans ce cas précis, la non-violence était une stratégie viable. Un Gandhi allemand aurait tout simplement été abattu par les nazis.
Un jour de 1989 le dalaï-lama m’a dit : « Tu ne cherches jamais à blesser personne, mais lorsque les gens sont incapables de voir la lumière, tu as parfois besoin de leur faire une peur bleue jusqu’à ce qu’ils la voient. » La vérité, c’est que nous sommes une espèce extrêmement violente, seulement il y a la violence que nous soutenons et une autre que nous condamnons. Imagine que tu te rendes à La Mecque et que tu craches sur la pierre noire. Eh bien, tes chances de sortir en vie de là sont infimes ; tu as attaqué un bien sacré et les gens comprendraient la violence qui te serait faite. Et pourtant, l’humanité viole et détruit les forêts millénaires de séquoias, les récifs coralliens avec des tronçonneuses et des chalutiers… Et comment réagissons-nous à ça ? Quelques personnes se déguisent en animaux pour manifester, d’autres signent des pétitions. Mais si les forêts et la vie dans les océans avaient une valeur sacrée, nous taillerions en pièces ces bûcherons et ces chalutiers. La nature ne fait pas partie de notre culture. Nous serons perçus comme des extrémistes jusqu’au jour où la défense passionnée de la nature cessera d’être considérée comme une idée radicale. Les idéologies écologistes et animalistes menacent bien plus l’ordre établi et la société de consommation que des fantaisies conflictuelles sur Dieu. Les droits des animaux et de la planète sont déstabilisants, en ce sens qu’ils mettent à mal les valeurs anthropocentriques.
La vérité, c’est que le mouvement écologiste est le meilleur exemple de mouvement dans l’histoire de n’importe quel mouvement social au monde. Pas une seule personne n’a été tuée par un écologiste ou un membre d’une ONG environnementale. Pendant ce temps des écologistes sont assassinés, Dian Fossey, Chico Mendes, George Adamson… Et pourtant, dans les médias, nous sommes décrits comme des écoterroristes. Si l’on devait donner un sens réel à ce mot, il désignerait ceux qui sèment la terreur sur le monde naturel.
4/7) Quelques exemples d’actions
1972, Cofondateur de Greenpeace
Je suis devenu activiste à l’âge de 11 ans lorsque j’ai commencé à dénicher les pièges des trappeurs dans le Nouveau-Brunswick. J’ai co-fondé Greenpeace en 1972. Greenpeace utilise encore les images de Robert Hunter et de moi sur les Zodiac entre les harpons et les baleines entre 1975 et 1976. Aujourd’hui les baleiniers japonais massacrent des baleines sous les yeux de Greenpeace qui se contente d’arborer des banderoles et met en scène des séances photos ; j’appelle cela faire de la figuration. Je voyais à l’époque Greenpeace commun mouvement révolutionnaire, c’est devenu une bureaucratie. En 1977, j’ai été exclu de la direction de Greenpeace, j’ai alors fondé l’association Sea Shepherd.
1974, la protection des phoques
J’avais dix ans lorsque j’ai vu pour la première fois un phoque matraqué à mort. Contre le massacre des phoques, j’ai mené trois missions en hélicoptère, amené des bateaux sur place. Nous avons été arrêtés, frappés par la police et par les chasseurs, nous avons perdu un navire et été diffamés à travers tout le Canada, présenté comme des écoterroristes et des traîtres à la nation. Mais quand Brigitte Bardot est venue à Terre-neuve en 1977 pour protester contre le massacre des phoques, elle a suscité un tel tapage médiatique que les massacres ont été interdits pendant dix ans. Je me fiche de ses opinions politiques, Brigitte Bardot est une femme de compassion. Je n’ai aucun intérêt pour les différentes familles politiques, de la gauche à la droite. Je m’oppose aux massacres d’animaux quel que soit le pays où cela se pratique.
1978-1980 : l’affrontement avec le baleinier Sierra
Contrairement à Greenpeace, Sea Shepherd ne cible que les bateaux de pêche illégale. Le Sierra était un baleinier pirate qui avait illégalement tué près de 25 000 baleines, toutes les baleines qui croisaient sa route, indépendamment de l’espèce, du sexe, de la taille. Il tuait sans tenir compte de la saison ni d’aucune loi et règle de chasse. J’étais fatigué des bavardages stériles. Grâce à un donateur, j’ai acquis un vieux chalutier de 60 mètres que j’ai rebaptisé Sea Shepherd. Nous avons rattrapé le Sierra dans le port de Porto. J’ai réuni mon équipage de 20 personnes et je leur ai dit : « Je ne peux pas vous promettre que vous ne serez pas blessés ou même pire, mais je vais éperonner ce salopard à la sortie du port. Ceux qui veulent descendre, c’est maintenant » Quelques minutes plus tard, il me restait deux personnes, tous deux mécanos. C’était tout dont j’avais besoin. On a percuté le Sierra sur le côté à quinze nœuds. Je n’ai pas été inculpé, le Sierra était un navire fantôme ; on ne pouvait me condamner pour avoir éperonné un navire qui, officiellement, n’existait pas. Le Sierra a été réparé. Le 6 février 1980, une charge explosive l’a envoyé par le fond dans le port de Lisbonne. Quelques semaines plus tard, c’était au tour de deux baleiniers espagnols de sombrer dans le port de Vigo. Une poignée d’hommes déterminés, quelques mines bien placées et un bon relais médiatique avaient accompli en un an ce qu’une décennie de négociations et de bavardages entre nations n’étaient pas parvenus à obtenir.
1986 : victoire en Islande contre les baleiniers
Nous avons coulé la moitié de la flotte baleinière islandaise alors stationnée au port, et détruit l’usine de traitement de la chair de baleine. Ils ont mis 17 ans à s’en remettre. John Fritzell, directeur de Greenpeace, m’a traité publiquement d’irresponsable : « Tu devrais savoir ce que les gens pensent de toi. » J’ai répliqué : « Très franchement, John, je m’en contrefous. Nous n’avons pas coulé ces baleiniers pour toi, pour Greenpeace ou pour qui que ce soit d’autre. Nous les avons coulés pour les baleines. » Des milliers de baleines nagent dans l’océan parce que nous sommes intervenus. C’est la seule chose qui compte à mes yeux. Ça, et le fait que nous avons agi sans blesser personne. J’ai ajouté : « John, trouve-moi une baleine, n’importe où, qui désapprouve ce que j’ai fait en Islande… » Mes clients, ce sont les baleines, les dauphins, les requins et toutes les créatures marines. C’est eux que nous représentons, c’est pour eux seuls que nous travaillons.
Je me suis rendu à Reykjavik en exigeant d’être inculpé. On m’a escorté à l’aéroport en me mettant dans un avion pour New York : nous nous opposons seulement aux pays et aux entreprises qui enfreignent la loi.
1990 : lutte contre les filets dérivants
J’ai éperonné des navires japonais qui utilisaient des filets dérivants de 100 kilomètres de long qui tuaient tout sur leur passage ; ils étaient totalement illégaux. Le Japon a retiré sa plainte. En fait, la version officielle était de dire qu’il ne s’était rien passé. Le FBI m’a interpellé : « Vous savez, nous avons des dossiers sur des gens qui sont passé chez vous et qui ont ensuite commis des écocrimes. » J’ai répondu : « J’ai trois noms pour vous : Timothy McVeigh, Lee Harvey Oswald et Oussama ben Laden. Vous les avez formés, vous êtres responsables. » Le Japon m’a listé officiellement comme écoterroriste. J’ai parfois le sentiment que nous devrions fièrement nous proclamer écoterroristes, avec ce petit démon vert récalcitrant à l’intérieur de nous qui ne supporte plus de voir notre planète mise à sac.
5/7) Priorité à l’écologie ou aux droits humains ?
Les hommes sont des primates imberbes qui se considèrent comme une légende divine. Nous vivons dans un monde dirigé par des philosophies anthropocentriques qui tendent à faire croire à tous que les humains sont au centre de l’univers. Mais quand on y regarde de plus près, nous nous apercevons que ce sont les insectes et les bactéries qui contrôlent le monde, pas les mammifères.
Sur un dollar ou euro donné à des œuvres caritatives, 99 centimes servent à résoudre des problèmes humains ou à soutenir des causes humaines, le centime restant servant à défendre la planète et toutes les autres espèces. L’ironie, c’est que défendre les écosystèmes est plus important que quoi que ce soit d’autre. Si les océans meurent, nous mourrons tous, donc sauver les poissons, les oiseaux marins et le plancton est important. Or il y a actuellement plus de gens inscrits au jeu vidéo Warcraft qu’il n’y a dans toutes les organisations écologistes du monde.
Je pense que les problèmes sociaux sont secondaires par rapport aux environnementaux. Je pense que notre priorité est de résoudre les problèmes écologiques. Nous ne pensons que très peu aux rôles joués par les plantes les insectes, les poissons, ces espèces qui rendent cette planète vivable pour tous les autres, nous y compris. A mes yeux, les droits des non-humains sont aussi, voire plus importants que les droits humains. Les mouvements des droits humains et de la conservation de la nature entre en conflits lorsque les droits humains sont utilisés pour justifier le massacre d’une espèce vulnérable ou la destruction d’un habitat naturel au nom de la culture, de la race ou de la tradition. Je pense que les droits d’une espèce à survivre prévalent sur les droits de n’importe quel humain ou groupe d’humains à la tuer ou à la détruire. La première cause d’extinction massive est la destruction des habitats naturels résultant de l’explosion démographique des populations humaines.
Nous nous comportons comme une bande de primates arrogants, cupides et destructeurs entre nous et encore plus avec les autres espèces. Nous violons constamment les trois lois basiques de l’écologie. Toute loi humaine qui transgresse ces lois naturelles devrait être remise en question. Cela n’arrivera pas parce que les humains sont profondément égoïstes. Les gens justifient la destruction des océans parce qu’ils doivent nourrir leur famille… Tout le monde a une justification et c’est cette justification qui nous perdra.
6/7) Agir contre la surpopulation
Le monde dans lequel je suis né comptait trois milliards de personnes, nous avons atteint sept milliards. De tels chiffres alliés au mode de vie consumériste et ultra-productiviste que nous menons aboutiront forcément à un effondrement écologique dans le siècle à venir. Cet effondrement fera paraître toutes les guerres, toues les famines, toutes les épidémies qui ont jalonné notre histoire comme une partie de campagne en comparaison. Quand les survivants en sont réduits à se batte pour quelques pommes de terre, nous verrons à quelle vitesse nous retomberons dans la barbarie. Est-ce le genre de monde que nous voulons laisser à nos enfants ?
Nous sommes 7 milliards donc l’équation est simple : il y a trop de gens et pas assez de poissons. On ne peut pas résoudre les problèmes environnementaux en s’attaquant à la pauvreté. Les problèmes environnementaux sont la cause de la pauvreté dans le monde, donc il faut d’abord protéger l’environnement ; prendre le problème à l’envers, traiter les conséquences, n’a pas de sens. Il n’y a pas suffisamment de ressources sur la planète pour supprimer complètement la pauvreté.
J’ai assisté à la Conférence des Nations unies à Rio en 1992. La population humaine comptait alors 1,4 milliard de personnes de plus que pendant la conférence de 1972 à Stockholm. On a abordé le problème de la destruction de la biodiversité. Le moteur de cette destruction, c’est la croissance démographique incontrôlée des populations humaines. On n’en a pas parlé.
Je crois que les quatre cavaliers de l’Apocalypse seront les moyens qui vont servir à réduire notre population – famines, épidémies, guerres et troubles civils. La solution que je préconise est que personne ne devrait avoir d’enfants à moins de suivre une formation de six mois au cours de laquelle on apprendrait ce que cela veut dire d’être un parent responsable et au terme de laquelle on obtiendrait un diplôme certifiant que l’on est suffisamment responsable pour avoir un enfant. C’est une situation bien étrange quand on y pense. On a besoin d’un permis pour conduire une voiture, il faut un diplôme pour accéder à certains métiers. Pas pour avoir un enfant !
7/7) Agir avec ou sans le gouvernement ?
A la question « Quelle est votre définition du gouvernement ? », ma fille encore enfant avait répondu : « C’est un groupe de personne qui s’allient pour tuer d’autres personnes et des animaux. » Eh bien, je trouve cette définition plutôt exacte. Au final, quel est l’intérêt d’avoir une famille sans un environnement sain qui rende la vie possible et décente. Les Américains croient qu’ils vivent dans une démocratie, mais ils sont gouvernés par les compagnies pétrolières. Dans les années 1980, l’éthanol était le premier carburant utilisé par les engins agricoles et les locomotives. C’est la raison de la prohibition en 1917 : la police de la prohibition a détruit en 1919 les distillateurs d’alcool de maïs qui permettait aux agriculteurs de produire leur propre carburant et les a ainsi forcés à se tourner vers le pétrole.
Les gouvernements adorent se réunir pour discuter les lois internationales de conservation. Discuter des problèmes devient plus important que les résoudre. Ils concoctent des résolutions qui sonnent merveilleusement bien, font de grandes démonstrations publiques autour de la signature de ces résolutions, et ensuite – rien. Nous avons eu cinquante ans de conférences, de réunions… Rien n’en ressort hormis de se donner rendez-vous pour la prochaine réunion. Sea Shepherd n’aurait pas de raison d’être si les gouvernements du monde avaient la volonté de faire respecter les lois. Nous ciblons ceux qui commettent des crimes en haute mer et nous agissons en accord avec la Charte mondiale de la nature des Nations unis (sections 21 à 24, 1982).
Le problème avec nos océans, c’est qu’il n’y a pas une seule zone taboue, et qu’il y a aujourd’hui plus de pêche illégale que légale dans le monde. Rien n’est mis en ouvre pour faire respecter les lois. L’ancien ministre des pêches canadien Brian Tobin a dit que le déclin des morues était dû à un coupable : le phoque. Il disait ce que les pêcheurs avaient envie d’entendre et allait à l’encontre des dires de son propre département de biologie. Un maximum de 3 % du régime alimentaire des phoques est composé de morue. Les phoques se nourrissent principalement de poissons prédateurs de la morue, donc réduire le nombre de phoques contribue à réduire le nombre de morues. Le Costa Rica est aussi un bon exemple de gouvernement corrompu. Le Japon utilise tous les moyens possibles contre Sea Shepherd. Ce ne sont pas les gouvernements qui ont aboli l’esclavage ou donné le droit de vote aux femmes. Ces victoires sont le fruit des efforts menés par des individus comme Wilberforce, Douglass et Susan B. Anthony. Dans le domaine de la conservation, ce sont des individus comme Dian Fossey, Jane Goodall, Steve Irwin, etc., qui font la différence.
Si un gouvernement était efficace, il mettrait en application la pratique des Polynésiens dans des zones considérées comme surpêchées et déclarées dès lors comme « zones taboues ». Les Polynésiens étaient très stricts, puisque quiconque pris à pêcher dan une zone taboue était condamné à mort. Ces interdits étaient pris très au sérieux car du respect de ces zones dépendait la survie ultérieure de toute la communauté. Le futur des océans est notre futur. Si nous voulons un avenir, nous devons protéger la vie dans les océans. J’aimerais voir la mise en place d’une police des mers internationale : alors Sea Shepherd n’aurait pas besoin d’exister. L’ennemi des petits pêcheurs, ce n’est pas le mouvement écologiste, c’est la pêche industrielle.
(Glénat)