Nous n’avons pas acheté ce livre. Le tourisme durable ou écotourisme ou tourisme vert nous sort par les yeux. Il s’agit de greenwashing, d’écoblanchiment, de manipulation des opinions par l’industrie du tourisme. Les deux auteurs de l’ouvrage sont d’ailleurs pied et poing liés par ceux qui les payent. Isabelle Babou est consultante et formatrice dans le secteur du tourisme ainsi que secrétaire général de l'AFEST (Association française des experts et scientifiques en tourisme). Philippe Callot, professeur à l'ESCEM (école de management), est surtout membre de l'AIEST (Association internationale d'experts scientifiques du tourisme).
Nous nous contentons de commenter une interview d'Isabelle Babou par l'association « Acteurs du Tourisme Durable ». Notre commentaire est en rouge :
Dans le livre « Les dilemmes du tourisme » (septembre 2007), que vous aviez coécrit avec Philippe Callot, vous mentionniez déjà à l'époque les effets d’une pénurie de pétrole sur le tourisme. La situation a-t-elle encore évolué en 5 ans ?
Oui, nous avons pu assister à une certaine prise de conscience généralisée. De plus, les nouvelles technologies font que les avions, les voitures, consomment de moins en moins d’énergie. C’est une réalité. On voit l’émergence de modèles de voitures électriques de la part de plus en plus de constructeurs.
BIOSPHERE : nous voyons là un optimisme béat, la croyance dans une technologie qui permettra de continuer presque comme avant. Nous continuerons à détériorer le climat et les ressources terrestres, mais plus lentement. Le mythe de la voiture électrique est symptomatique. Mme Babou ne nous dit rien de la production d’électricité, nucléaire, centrales thermiques… avec tous les inconvénients inhérents à ce type de production. Elle nous dit peu de chose et nous cache tout le reste.
Peut-on déjà constater des conséquences visibles sur le tourisme ?
Oui, mais bien évidemment on ne peut pas tout mettre sur le dos des réserves en pétrole. Il y a également la crise économique qui joue un rôle important. Quand on voit que le litre de carburant flirte avec les 1,50 €, c’est normal que les gens hésitent à utiliser leurs véhicules. Mais ça marche de la même manière avec les transports aériens. Au final le gagnant, c’est le train. On voit que la France revient en tête des destinations internationales. Et beaucoup de destinations frontalières sont reliées par le train. Mais il y aura toujours un tourisme de luxe avec des gens pour qui le coût des billets importe peu, mais qui au final acceptent de voyager moins loin à condition de séjourner dans des hôtels de même catégorie.
BIOSPHERE : D’abord Mme Babou botte en touche, la “crise” plutôt que le pic pétrolier. Ensuite elle envisage les fausse alternatives comme le train (électrique ou thermique ?). Enfin elle accepte les inégalités sociales, on en revient au tourisme de luxe. N’oublions pas qu’à l’origine, le touriste désignait en effet les jeunes gens fortunés qui effectuaient le grand tour de France, et souvent par la suite des déplacements en Suisse, en Italie, en Grèce. Le tourisme de masse a été une erreur, le tourisme des privilégiés était une anomalie. Même le départ en vacances dans un pays riche comme la France n’est accessible qu’à une partie de la population… à plus forte raison le tourisme. Quand les pauvres n’imiteront plus les riches parce qu’il n’y aura plus de riches, la situation écologique s’améliorera.
Existe-t-il déjà des solutions afin de pallier à une éventuelle pénurie de pétrole ?
Oui ! L’homme sait faire rouler des voitures électriques depuis 1884. Les grands compagnies pétrolières comme Total, BP, travaillent énormément sur des solutions alternatives, notamment sur le photovoltaïque. Elles sont très préoccupés par ça. Les constructeurs automobiles travaillent également énormément sur les véhicules électriques. Mais pour tout ce qui est bateau, avion, voiture, on en a plus besoin. Il y a le Solar Impulse qui a besoin de kérosène pour décoller mais qui vole pratiquement de manière totalement autonome. Dans les 5/7 ans à venir cela deviendra une technologie qu’on ne pourra pas ignorer et qui sera commercialisée. Renault vient également de commercialiser la Twizy, entièrement électrique et silencieuse.
BIOSPHERE : Mme Babou a tellement peu d’arguments qu’elle en revient encore aux véhicules électriques (au photovoltaïque ici). Quant au Solar impulse, un monstre qui ne peut supporter qu’un seul passager, elle nous fait bien rigoler. Elle aurait mieux fait de parler des ballons dirigeables…Enfin la question posée d’une « éventuelle » pénurie de pétrole est un non-sens. Le pétrole conventionnel diminue déjà depuis 2006 et le non conventionnel est extrêmement polluant à exploiter. La fin du pétrole à bas prix est très proche. L’industrie du tourisme ne s’en rend pas compte.
Dans ce cas, si les technologies sont là, que craint-on au juste ?
Cela se joue surtout à un niveau politique. Il y a des accords commerciaux internationaux concernant le pétrole qu’on ne peut pas briser comme ça. Une telle décision reviendrait à bouleverser l’échiquier politique international si du jour au lendemain les pays occidentaux déclaraient ne plus avoir besoin de pétrole pour faire fonctionner leurs véhicules. Sans la manne pétrolière, de quoi vivront les pays producteurs ? C’est un modèle économique qui ne date pas d’hier, on ne peut pas le remettre en cause si facilement…
BIOSPHERE : Encore une fois la question est biaisée : « Les technologies sont là ». Rien n’a été démontré d’une solution technologique qui permettrait de perpétuer le tourisme de masse. Au niveau international, le plus lourd que l’air (l’avion) ne peut être utilisé que parce qu’il y a une pression des avionneurs pour que le kérosène continue d’être détaxé. Si le kérosène était taxé, la majorité des compagnies aériennes serait déjà en piteux état. Faire croire que le problème pétrolier vient des pays producteurs de pétrole, c’est se foutre du monde. De quoi vivraient les pays européens sans pétrole ?
Selon vous à quoi ressemblera le tourisme d’ici quelques années ?
Le tourisme est un droit. L’OMT prévoit cette année 1 milliard d’arrivées internationales. La population mondiale va également s’accroître ce qui va produire de plus en plus de touristes potentiels, en provenance des pays émergents notamment. On continuera toujours de voyager. Le tourisme sera de masse ou pas mais dans tous les cas il se devra d’être durable. Selon moi les durées de séjours vont rallonger dans les années à venir. Quand les réserves de pétroles seront épuisées et avant que la technologie ne permette d’obtenir les mêmes performances qu’aujourd’hui mais avec un carburant alternatif, nous nous trouverons dans une sorte de sas. Les temps de durée de transport vont amplement se rallonger. Au lieu de prendre 5 semaines de congés par an, on en prendra peut-être 10 ou 12 tous les deux ans. La périodicité des départs sera peut-être un peu plus espacée, et durant les week-ends prolongés (Pentecôte, Ascension..), on pourra partir en long week-end, pas trop loin de chez soi, grâce au train notamment.
BIOSPHERE : « Le tourisme est un droit… On continuera toujours de voyager. » Ces expressions montrent une méconnaissance totale de ce qu’est l’histoire humaine ! Jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. La masse de la population était peu mobile et le vagabondage proscrit : on naissait, vivait et mourait dans le même village. Le tourisme était inconnu, il y avait juste quelques voyageurs, des explorateurs. Le tourisme de masse n’est pas durable, pour l’accueillir on bétonne, on dénature, on paupérise, c’est le grand saccage des communautés autochtones qu’on transforme en folklores. « Partir en WE ? » Même le départ en vacances dans un pays riche comme la France n’est accessible qu’à une partie de la population… à plus forte raison le tourisme. Le tourisme est un mal. Un jour nous serons des voyageurs immobiles, il y a suffisamment de moyens de télécommunication pour faire le tour du monde dans son fauteuil.
Mis à part les transports, sur quels autres aspects du tourisme l’absence de pétrole se fera ressentir ?
Sur les transports de certains produits par exemple. Je vous mets au défi de trouver du poisson local à 1500 mètres d’altitude. Il faut nécessairement l’acheminer. Il y a également de nombreuses infrastructures, comme les téléskis, le chauffage de certains hôtels. De plus en plus d’hôtels fonctionnent avec des énergies renouvelables.
BIOSPHERE : les énergies renouvelables ne pourront pas compenser la déplétion des ressources fossiles. Il faudra se contenter de peu. Le slogan actuel du tourisme, « Plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher » se transformera en son contraire. Il y a suffisamment de richesses relationnelles et naturelles près de chez nous pour nous en contenter.
Se dirige-t-on vers un changement radical des pratiques touristiques ?
Je pense que les pratiques de location vont de plus en plus se développer, quitte à faire disparaître la propriété, notamment de véhicules. La possession de la voiture individuelle, d’ici 10 à 15 ans, va devenir de plus en plus obsolète.
BIOSPHERE : nous sommes d’accord sur ce point, la fin de « la voiture individuelle ». Mais cela veut a fortiori la fin de l’avion, la restriction des déplacements, et donc la fin du tourisme.
Source : http://www.tourisme-durable.org/actualite/transport-climat/1324-interview-babou.html