éditions Utopia, 152 pages,7 euros
Ce livre est le résultat des travaux réalisés dans le cadre du mouvement politique de la Décroissance, en particulier au sein du Parti Pour la Décroissance (PPLD). Le fait qu’il y ait quatre co-auteurs (Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet et Anne-Isabelle Veillot), sans qu’on sache qui a écrit quoi, explique sans doute le caractère répétitif de ce livre. Le refus de l’austérité n’est pas explicité, le niveau des besoins « de base » n’est pas défini, il n’y a rien sur le niveau de production nécessaire à satisfaire cette DIA (Dotation Inconditionnelle d’Autonomie) et la gestion collective dite « démocratique » de cette DIA n’est pas précisée. Alors que ce manifeste expose à de multiples reprises que la DIA est « obligatoirement » couplée à un RMA (Revenu Maximum Acceptable), il n’y a que quelques lignes disparates sur le RMA, la DIA étant l’objet principal de ce projet dit « de décroissance ».
Nous présentons l’intégralité de ce qui est dit sur le RMA pour aborder ensuite quelques problèmes que pose la DIA et auxquels veulent répondre les auteurs de ce livre.
1/2) Le Revenu Maximum Acceptable, RMA
- Le RMA est un plafond de revenus ne pouvant être dépassé (p.39).
- Il est x fois l’équivalent du revenu minimum (nous préconisons 4). Au-delà de ce plafond, l’Etat prend tout. Ce RMA doit être lié à une réforme en profondeur du système bancaire et économique : audit des dettes, ré-appropriations politiques et démocratique des banques centrales, du système financier et création de nouvelles monnaies locales fondantes liées à des projets de transition (p.46).
- Le montant du RMA sera discuté démocratiquement dans le but de lutter contre les écarts de revenus. EELV ou le Parti de gauche proposaient respectivement un rapport de 1 à 20 et de 1 à 30 entre les écarts de revenus. Dans leur rôle de briseurs de tabous, les listes Europe-Décroissance proposaient en 2009 un rapport de 1 à 4 entre le revenu minimum (ou une DIA équivalente euros) et le RMA. Il est important de rappeler que ce type de mesures a déjà existé après la crise de 1929 et au moment de la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis. En 1942, Franklin Roosevelt déclarait : Aucun citoyen américain ne doit avoir un revenu (après impôt) supérieur à 25 000 dollars par an » (p.49).
- Le RMA est un moyen de réduire l’impact écologique insoutenable du mode de vie des plus riches. Il s’agit d’éviter de scandaleux gaspillage et d’outrancières pratiques, qui ne peuvent être généralisables et, surtout, qui ne peuvent plus être considérées comme un idéal à atteindre par le reste de la population. Mesure de justice sociale mais aussi de justice environnementale, nous estimons qu’au-delà de ces nécessaires bienfaits, le RMA contribuerait à participer à une décolonisation de nos imaginaires consuméristes en supprimant le mode de vie des plus riches à la fois considéré comme quelque chose de normal et surtout comme modèle de vie et de bonheur à suivre et à atteindre. Il s’agit de rompre avec les effets pervers de cette rivalité ostentatoire. Ce modèle, vendus par la publicité et les médias, a pour effet de faire accepter la présence de telles inégalités, de frustrer toujours plus et ainsi de nous transformer en consommateurs compulsifs jamais rassasiés (p.50).
- La DIA nécessitera une profonde réforme fiscale avec la réhabilitation de l’impôt progressif sur le revenu afin de taxer à 100 % au-dessus d’un certain niveau à définir, le RMA (p.135).
2/2) La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie, DIA
- La DIA est une dotation versée à toutes et tous de manière égale de la naissance à la mort, afin de garantir un niveau de vie décent et déconnecté de l’occupation d’un emploi. Cette dotation n’est pas fournie uniquement en monnaie nationale. Elle est aussi donnée en droits de tirage sur des ressources, en services publics, en accès à des biens et via la mise en place de monnaies locales.
- Une des objections principales à l’instauration d’une DIA découplée du travail salarié est la désertion du marché du travail : est-ce que l’on ne va pas choisir l’oisiveté plutôt qu’une participation à l’effort productif ? Plusieurs études ont montré que dans le cas d’un revenu garantir (par exemple gagnant d’une loterie du type 1000 euros par mois), la grande majorité des personnes concernées gardent un emploi.
- Certains objecteurs de croissance remettent en cause l’inconditionnalité de la DIA et souhaiteraient soumettre son octroi à une participation à des actions civiques. Force est de reconnaître que l’inconditionnalité de la DIA est, du fait de son essence même, conditionnée : en effet son contenu et la manière dont elle est appliquée sont décidés collectivement. A travers sa mise en place, la DIA devra aussi questionner le partage des tâches ingrates.
- Le financement de la DIA est fréquemment évoqué pour classer cette mesure dans le champ du rêve. La régulation financière est un problème technique et ne doit pas peser sur les choix collectifs.