Supposons-nous par exemple gestionnaire de forêt. Pour bien des sylviculteurs, une forêt n’est qu’une usine à bois. Voici que nous croisons des arbres et des oiseaux, des bruits et des senteurs. Et voici que nous nous demandons : après tout, à qui appartient cette forêt ? A l’homme seul, ou aussi au chevreuil, à la fourmi, au perce-neige ? N’y a-t-il pas des titres de propriété à partager ? Sommes nous condamnés à l’équation simpliste « humanisme = anthropocentrisme » ? Un humanisme incluant le respect des formes de vie non pour leur utilité immédiate mais parce qu’elles existent et que nous sommes tous, humains et non-humains, dans la même galère de l’ évolution, est-il impossible par essence ? Devons-nous absolument choisir, l’homme OU la nature ?
L’Homme ET la Nature n’est pas une catastrophe, c’est au contraire le moyen d’éviter la catastrophe. Un sentiment d’humilité induirait un type d’aménagement de l’espace auquel nous ne pensons pas aujourd’hui, la préservation d’espèces différentes de la notre entraînerait une sensibilité plus forte envers notre propre espèce homo sapiens, nous changerions notre mode de vie industrialisé et urbain. En somme, prenons l’écologie profonde pour ce qu’elle est, un apprentissage de l’altruisme, une méthode pédagogique qui vaut le détour, un humanisme élargi à l’ensemble de la vie qui nous entoure.