Quelques phrases-clés de Paul Lafargue :
« Les paysans propriétaires, les petits bourgeois, les uns courbés sur leur terres, les autres acoquinés dans leur boutiques, se remuent comme la taupe dans sa galerie souterraine, et jamais ne se redressent pour regarder à loisir la nature. Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres et les économistes ont sacro-sanctifié le travail. Les philanthropes acclament bienfaiteurs de l’humanité ceux qui, pour s’enrichir en fainéantant, donnent du travail aux pauvres ; mieux vaudrait semer la peste, empoisonner les sources que d’ériger une fabrique au milieu d’une population rustique. Introduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu ce qui fait la vie belle et digne d’être vécue. Et les économistes s’en vont répétant aux ouvriers : Travaillez pour augmenter la fortune sociale ! et cependant un économiste, Destut de Tracy, leur répond : « Les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre.
« Notre époque est, dit-on le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. Et cependant les philosophes, les économistes bourgeois, depuis le péniblement confus auguste Comte, jusqu’au ridiculement clair Leroy-Beaulieu, tous ont entonné les chants nauséabonds en l’honneur du dieu Progrès, le fils aîné du travail. A mesure que la machine se perfectionne et abat le travail d’un homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes, l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur comme s’il voulait rivaliser avec la machine. Ô concurrence absurde et meurtrière !
« Quand, dans notre Europe civilisée, on veut retrouver une trace de beauté native de l’homme, il faut l’aller chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déracinés la haine du travail. Du moment que les produits européens consommés sur place ne seront pas transportés au diable, il faudra bien que les marins, les hommes d’équipes, les camionneurs s’assoient et apprenant à se tourner les pouces. Les bienheureux Polynésiens pourront alors se livrer à l’amour libre sans craindre les coups de pieds de la Vénus civilisée et les sermons de la morale européenne.
Si la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer le Droit au travail, qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… Mais comment demander à un prolétariat corrompu par la morale capitaliste une résolution virile ? »
Conclusion : Pour le repos de la Biosphère, ne participons au système de production qu’avec toute la paresse possible…