Pour mieux connaître Serge Latouche, objecteur de croissance, à partir de citations des auteurs utilisés par Serge Latouche (la référence de page est donnée à chaque fois).
Serge Latouche et la Biosphère
Notre surcroissance économique se heurte à la finitude de la biosphère. Elle dépasse déjà largement la capacité de charge de la terre. Une croissance infinie est incompatible avec une planète finie (p.41). Pour Nicholas Georgescu-Roegen, cette impossibilité d’une croissance infinie dans un monde fini entraîne la nécessité de faire une « bioéconomie », c’est-à-dire de penser l’économie au sein de la biosphère (p.24).
Recycler les déchets de notre activité est une forme de rachat de notre dette à l’égard de la nature. Il y a une dette écologique de l’humanité à l’égard de la nature. Sans aller jusqu’à personnifier l’écosphère sous le nom mythique de Gaia, on peut considérer que cette dette est celle des hommes du système thermo-industriel. Au risque de flirter avec un soupçon d’animisme, on peut dire qu’il s’agit tout simplement de ce que l’homme se doit à lui-même, y compris en termes de respect des plantes, des animaux, des rivières, des forêts et des montagnes dont il est solidaire et qui ont contribué à faire de lui ce qu’il est. Rembourser cette dette, c’est avant tout restituer à la nature ce qu’on lui a prélevé. Tout cela requiert une certaine forme de renoncement (p.239).
Selon Raimon Panikkar, l’alternative serait la biorégion, c’est-à-dire les régions naturelles où les troupeaux, les plantes, les animaux , les eaux et les hommes forment un ensemble unique et harmonieux (p.275).
Quelques considérations sur « Décroissance et économie » :
Sicco Mansholt (p.22 du livre de Serge Latouche, le pari de la décroissance) : Est-il possible de maintenir la croissance économique sans modifier profondément la société ? En étudiant lucidement le problème, on voit bien que la réponse est non. Alors il ne s’agit même plus de croissance zéro, mais d’une croissance en dessous de zéro. Disons-le carrément : il faut réduire notre croissance économique, pour y substituer la notion d’une autre culture, celle du bonheur, du bien-être. La croissance n’est qu’un objectif politique immédiat servant les intérêts des minorités dominantes.
Yves Cochet (23) : La théorie économique néoclassique contemporaine masque sous son élégance mathématique son indifférence aux lois fondamentales de la biologie, de la chimie et de la physique, notamment celles de la thermodynamique…(le processus économique réel n’est pas un processus purement mécanique et réversible, il est de nature entropique ; cf. deuxième loi de la thermodynamique).
Arundathy Roy (39) : Nous n’avons qu’une quantité limitée de forêts, d’eau, de terre. Si vous transformez tout en climatiseurs, en pommes frites, en voitures, à un moment vous n’aurez plus rien.
Nicholas Georgescu-Roegen (41) : Nous pouvons recycler les monnaies métalliques, mais non les molécules de cuivre dissipées par l’usage.
Jacques Ellul (56) On considère toute activité rémunérée comme une valeur ajoutée, génératrice de bien-être, alors que l’investissement dans l’industrie antipollution n’augmente en rien le bien-être, au mieux il permet de le conserver. Sans doute arrive-t-il parfois que l’accroissement de valeur à déduire soit supérieur à l’accroissement de valeur ajoutée.
Rapport du Millenium Ecosystem Assessment (ONU) de mars 2005 (58) : Nombre de pays qui ont présenté une croissance positive apparaîtraient en fait avec une richesse en baisse si l’on faisait entrer la dégradation des ressources naturelles dans les comptes.
Quelques considérations sur « Décroissance et écologie »
Cornelius Castoriadis (page 9 du livre de Serge Latouche, le pari de la décroissance) : L’écologie est subversive car elle met en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central, selon lequel notre destin est d’augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle montre l’impact catastrophique de la logique capitaliste sur l’environnement naturel et sur la vie des êtres humains.
Mac Millan (p.20) : Il faut sauver les condors, pas tellement parce que nous avons besoin des condors, mais surtout parce que, pour les sauver, il nous faut développer les qualités humaines dont nous aurons besoin pour nous sauver nous-mêmes.
Attac (130) : Si lorsqu’il y a des dégâts sociaux et écologiques trop importants, on ne peut pas parler de développement, on ne devrait plus considérer les pays dits développées comme développés… Cela paraîtrait pour le moins curieux.