Les trois premières révolutions économiques ont été fondées sur des objets, la charrue pour l’agriculture, le moteur pour l’industrie et le papier imprimé pour l’information. Le temps est venu pour une quatrième étape dirigée non plus vers des objets humains, mais vers la compréhension de la plus précieuse des ressources, la Biosphère. Il est paradoxal que l’écologie soit à l’heure actuelle le centre d’intérêt d’une catégorie de la population qui vit aux antipodes de la Nature car urbanisée, intégrée dans l’appareil techno-industriel et culturellement éclatée. De plus l’approche de l’écologie effectuée par la classe globale consiste principalement à la traiter par le calcul économique : la classe favorisée ne voit dans l’environnement que dépenses d’assainissement, mesures d’hygiène, limitation du bruit et principe polleur-payeur. Il est vrai que dans le système libéral, les plus riches seront toujours à l’abri des problèmes environnementaux puisque, pour régler un problème, il suffit d’y mettre le prix. Ces monothéismes idéologiques centrés sur les humains doivent s’effacer pour que les intérêts de la Biosphère soient pris en compte. En effet la compréhension des relations entre biotope et biocénose dépasse de loin l’approche économique, elle articule toutes les disciplines que les humains ont séparées : par exemple la perception de l’eau diffère selon que l’on s’intéresse à la ressource potable, à l’irrigation, à l’énergie hydraulique, aux risques de crue ou à la faune aquatique. C’est uniquement la synthèse entre l’écologie, le politique et le socio-économique qui pourra satisfaire à l’objectif commun : fournir une répartition équitable des ressources entre les humains d’aujourd’hui, entre les générations actuelles et les générations futures, entre l’espèce humaine et les autres espèces. Il y a des choix politiques qui doivent trancher entre diverses rationalités pour gérer la complexité écologique, mais ils peuvent se résumer par cet objectif : mettre en œuvre la décroissance humaine pour redonner sa dynamique au vivant.
C’est dans la Nature qu’il y a le silence et le recueillement,
le polythéisme de la Biosphère est la seule valeur qui compte.