Un expert européen estimait en l’an 2004 qu’un baril à 44 dollars ne pourrait casser la reprise. Cela fait penser à tous ces « spécialistes » qui, dans les débuts de la deuxième intervention américaine en Irak en 2003, pensaient que le marché resterait durablement en dessous de 30 dollars. Pourtant il n’y pas grand mérite à prévoir un baril à plus de 100 dollars dans les mois ou les années qui viennent puisque le pétrole est une ressource limitée : l’ère utile du pétrole en tant que combustible s’achèvera avant le milieu du XXIe siècle, autant dire demain. Or toute rareté implique un prix élevé. Le prix du pétrole est artificiellement bas depuis le début de son exploitation, ce qui a permis aux humains de gaspiller en moins de deux siècles un don de la nature accumulé pendant des millions d’années. Le problème essentiel n’est pas seulement l’effet de serre, mais un système de croissance basé sur l’éloignement entre domiciles et lieux de travail, entre localisation de la production et centres commerciaux, entre espaces de vie et destinations du tourisme. Ce changement structurel qui s’est opéré sur plus d’un siècle ne peut être modifié brutalement sans provoquer une crise économique et sociale sans précédents. La société thermo-industrielle est en effet très fragile puisqu’elle est fondée sur une facilité de déplacement et un confort de vie issue du bras prix de l’essence et du gasoil, du fioul et du kérosène. Dès aujourd’hui, il faudrait donc que les humains se préparent au plus vite à des changements de vie pour éviter la pétro-apocalypse. Seule une augmentation du prix du pétrole constante et progressive, dont les royalties iraient à la promotion des économies d’énergie et non aux rentiers du pétrole, permettrait une prise de conscience mondiale.
Comme vous ne maîtrisez aucun des mécanismes techno-industriels
que vous avez mis en place et qui vous gouvernent,
Vous aurez mérité la pétro-apocalypse.