Psychologiquement les humains peuvent s’adapter à n’importe quel environnement, c’est ce qui fait à la fois leur force et leur faiblesse. Comme la ville éloigne du milieu naturel, on invente alors des concepts reliés à l’urbanisation et censés faciliter la communication : politesse, civilité, urbanité. La ville permet en effet grâce à sa densité la multiplication des interactions, elle amène aussi l’emploi, le commerce, les loisirs. Cependant, alors que la Terre ne comptait que 10 % de citadins au début du XXe siècle, un habitant sur deux réside désormais en agglomération en l’an 2000, et 60 % de la population mondiale vivra sans doute dans des villes en 2030. La population urbaine mondiale devrait été multipliée par 16 entre 1950 et 2025 alors que 90 % de cette croissance se fait déjà dans des conurbations hypertrophiées et saturées. Avec un tel mouvement de masse, la vie urbaine fabrique un citadin qui ne se reconnaît qu’entre les quatre murs de sa cité, très loin de la Nature. Alors l’urbanisation fabrique un individu qui disjoncte quand le travail déserte la ville et que la banlieue dissout les liens communautaires, une personne qui s’éloigne des ressources de la terre qui auraient pu nourrir son corps et pour une grande part son esprit. Contrairement à ce qu’il faudrait, les ruraux du tiers-monde ont même du mal à subsister de leur production agricole, ce qui entretient l’exode vers les bidonvilles. Quand le prix des ressources alimentaires reviendront à leur juste prix, la ville deviendra invivable, et le mouvement d’urbanisation laissera place au flux inverse.
Il faut que l’herbe recouvre vos routes et que vos villes disparaissent,
Il n’est que temps de commencer la nouvelle migration,
celle qui va des villes vers les forêts.