- ontologie, discours qui prend pour objet non pas telle catégorie particulière, mais « l’être en tant qu’être ». Le principe peut en être trouvé chez Aristote selon lequel « il y a une science qui étudie l’être en tant qu’être » opposée aux sciences particulières qui découpent quelque partie de l’être et en étudient les propriétés. Donc l’ontologie serait l’étude du fondement de l’ordre des choses. L’ontologie a fini par devenir synonyme de métaphysique. La philosophie contemporaine fait de l’ontologie la compréhension du sens de l’être, plus qu’une « science » déterminée. (pratique de la philosophie de A à Z (Hatier, 1994) :
- L’éthique n’est pas « quelque chose » que l’on pourrait « acquérir » ; l’éthique n’est pas autre chose, depuis Aristote, qu’une approximation de la vie heureuse. Cette fin, comme les moyens d’y parvenir, comporte une part d’indétermination et d’ouverture. Il faut aussi faire attention à un point théorique important : il n’est pas acquis que l’on puisse et que l’on doive déduire ce qui doit être de ce qui est, l’éthique (approximation de ce qui doit être) de l’ontologie (« science » de l’être). Pour ne pas prêter à confusion, ne faudrait-il pas dire : « la question axiologique » plutôt que « la question ontologique » ? L'émancipation des modernes, et je crois qu'il faut que nous restions des modernes, consiste à faire éclater la synthèse « cosmologique » ou « théologique » qui entendait déduire ce qui doit être de ce qui est. En d'autres termes : assumer un certain conventionnalisme, voir même une certaine artificialité des valeurs et des droits. Que ce conventionnalisme puisse se nourrir de la considération de ce qui est, des relations multiples que les humains tissent avec « la nature » , avec les « non-humains » , de l'utilité et de la valeur de ces relations, c'est décisif, mais cela ne suffit pas pour basculer dans une équation simple : ontologie = axiologie. (Franck Burbage)
- Arne Naess (Ecologie, communauté et style de vie) : L’écologie profonde prévoit de bouleverser les paradigmes dominants des sociétés industrielles. Une norme authentique est une norme dont la validité est indépendante de toute relation moyens/fin. Sa réalisation a une valeur intrinsèque. Mais toute franchise normative doit s’accompagner d’une élimination de tout absolutisme, de notre arrogance et de toute ambition d’universalité. Accepter une norme particulière en tant que fondamentale, ou norme de base, ne revient pas à affirmer son infaillibilité ni son indépendance par rapport à ses conséquences concrètes dans des situations pratiques.
La force de l’EP dépend de la volonté et de l’habileté de ses partisans à convaincre les experts à prendre part aux discussions environnementales en termes de valeurs et de priorité de valeurs. Nos normes sont dépendantes de nos croyances à propos des relations d’interdépendance au sein de la biosphère. Pour l’EP, il y a égalitarisme biosphèrique de principe. Les ressources du monde ne sont pas seulement des ressources pour les êtres humains. Légalement, nous pouvons posséder une forêt, mais si nous détruisons les conditions de vie en forêt, nous transgressons une forme de l’égalité. L’égalité de droit à vivre et à s’épanouir est un axiome éthique intuitivement évident. Sa restriction aux humains est un anthropocentrisme aux effets négatifs sur la qualité de vie des humains eux-mêmes. Cette qualité dépend en partie de la satisfaction que nous recevons de notre étroite association avec les autres formes de vie. Tenter d’ignorer notre dépendance et d’établir avec la nature un rôle de maître à esclave a contribué à l’aliénation de l’homme lui-même.
- Philippe Descola (Par-delà nature et culture) : Les philosophes se sont rarement demandé : « Qu’est-ce qui fait de l’homme un animal d’un genre particulier ? », préférant à cela la question typique du naturalisme : « Quelle est la différence générique entre les humains et les animaux ? » Force est de constater pourtant que bien des esprits rebelles se sont élevés au cours des siècles contre le privilège ontologique accordé à l’humanité, mettant en cause la frontière toujours instable au moyen de laquelle nous tentons de nous distinguer des animaux. Depuis Darwin, nous n’hésitons plus à reconnaître que la composante physique de notre humanité nous situe dans un continuum matériel au sein duquel nous n’apparaissons pas comme des singularités beaucoup plus significatives que n’importe quel autre être organisé.
Nous savons désormais que la structure moléculaire et le métabolisme hérités de notre phylogénie nous rattachent sans conteste aux organismes les plus humbles, et les lois de la thermodynamique et de la chimie aux objets non vivants. Notre corps contient du phosphore comme les allumettes, et de l’albumine comme les blancs d’œufs. Une phase de recomposition ontologique a peut-être débuté, dont nul ne saurait prédire le résultat.
- Jean-Paul II au Congrès Environnement et Santé, 24 mars 1997) : « Au nom d’une conception inspirée par l’écocentrisme et le biocentrisme, on propose d’éliminer la différence ontologique et axiologique entre l’homme et les autres êtres vivants, considérant la biosphère comme une unité biotique de valeur indifférenciée. On en arrive ainsi à éliminer la responsabilité supérieure de l’homme au profit d’une considération égalitariste de la dignité de tous les êtres vivants. »