Le développement soutenable est-il possible ? Ne s‘agit-il pas d’un oxymore, d’une contradiction dans les termes ? A partir d’un IDH de 0,9 (indicateur de développement humain liant PIB, éducation et espérance de vie), les progrès en matière de développement ne se font qu’au prix d’une très forte augmentation de l’empreinte écologique. Il n’est donc pas anodin de constater que les pays du Nord ont au moins autant d’efforts à fournir pour devenir écologiquement soutenables que les pays du Sud pour devenir développés. Ce qui revient à dire que, en matière de développement soutenable, la priorité pour les pays riches est aujourd’hui la décroissance de leur empreinte écologique. (in l’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Nathacha Gondran)
La récusation du débat par notre société est symptomatique d’une forme de totalitarisme mou. Cela se traduit par une inflation d’oxymores tels que « guerre propre », « voiture propre », « croissance verte » « durable » ou « écologique », « fonds de placements éthiques », « entreprises citoyenne », « développement durable », etc. (in Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet)
Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Développement durable, agriculture raisonnée, marché civilisationnel, financiarisation durable, flexisécurité, moralisation du capitalisme, vidéoprotection, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine. Le clip publicitaire qui nous montre la chevauchée d’un 4x4 dans un espace vierge cherche à nous conditionner à l’idéologie consumériste : en associant deux réalités contradictoires, l’espace naturel et la machine qui le dévore, il nous suggère perfidement la possibilité de leur conciliation. Si la contradiction et le conflit sont inhérents à tout univers mental, ils atteignent dans le nôtre une dimension inégalée. (in la politique de l’oxymore de Bertrand Méheust)