Le journal Le Monde du 30 mai 2007 réalise un supplément Développement durable sur la thématique « La croissance en question ». On y lit sans surprise des panégyriques croissancistes : « Dans cinq ou dix ou quinze ans, il y aura des sources de croissance inouïes avec des sources d’énergie différentes, des moyens de transport fonctionnant sur un mode alternatif. Le génie du capitalisme, c’est ça, s’adapter continuellement aux nouvelles données de l’expérience. » ; « Le monde a toujours besoin d’une croissance forte, avec forte réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si dans dix ans il s’avère que l’on n’arrive pas à changer la croissance, parce que les technologies ne sont pas à la hauteur, parce que l’on n’arrive pas à infléchir les comportements, on verra. »
Mais on peut aussi y déchiffrer une incitation au changement de mode de vie. Les objecteurs de croissance mangent plutôt bio et sont de préférence végétariens, ils achètent local et ignorent la télévision, ils se déplacent à pied ou en vélo et ne prennent le train qu’en dernier recours, ils réparent les objets, les réutilisent, les échangent et partagent ce qui peut l’être : machine à laver, ordinateur, voire logement. Quand nous désherbons un potager à la main ou quand nous poussons sur les pédales, nous prenons conscience de ce qu’est l’énergie parce que nous devons la produire nous-même. Alors nous réalisons l’extraordinaire gâchis autour de nous. Cela ne signifie pas renoncer à tout, l’objecteur de croissance n’est pas un homme des cavernes ; la décroissance est un objectif vers lequel on tend, chacun a ses limites. Mais la décroissance apporte une richesse incroyable, car quand tu consommes moins, tu travailles beaucoup plus ton imaginaire.