- Dominique Bourg (terraeco, décembre 2009) : A quelques jours de Copenhague, on est bien obligé d’être pessimiste. Sous la pression des lobbies pétroliers et charbonniers, Barack Obama n’a pas encore réussi à faire avaliser par le Sénat son marché du carbone. De son côté, l’Europe a refusé de chiffrer sa contribution sur le climat aux pays pauvres. Ce sont autant d’indices qui accréditent l’idée selon laquelle le gouvernement représentatif est aujourd’hui inadapté aux enjeux globaux et de long terme. Il est par nature coincé par des frontières spatiales et temporelles. En se développant dans le cadre d’Etats-nations, la représentation moderne impose des limites territoriales à la capacité des citoyens de se sentir concernés par les problèmes de leurs voisins.
- Vittorio Hösle (Philosophie de la crise écologique, 1991) : L’Etat libéral classique ainsi que l’Etat providence et l’Etat socialiste appartiennent au paradigme de l’économie. Une politique extérieure musclée émane le plus souvent des Etats qui préconisent l’égalité sociale intérieure. Afin de satisfaire les besoins économiques de ses propres citoyens et, par conséquent, de maintenir la paix sociale, l’Etat moderne est contraint de mener une politique d’exploitation expansive unique dans l’Histoire universelle. Le philosophe Hans-Dieter Klein a avancé l’idée en 1989 que la politique mondiale contemporaine possède une structure profondément « nationale-socialiste ». Ce qu’il y a de terrifiant dans cette association, c’est évidemment le spectre du national-socialisme allemand ainsi que la suggestion pleinement assumée indiquant qu’il ne s’agit pas d’un égarement anormal de ce siècle infâme, mais bien de la manifestation parfaitement logique de son épouvantable essence.
Lorsque les besoins de sa population s’accroissent de façon anarchique, l’Etat national-socialiste doit effectivement tenter de prélever les éléments nécessaires à l’assouvissement de ces besoins là où la résistance est la plus faible. Dans cette optique, deux options majeures sont à la disposition de ces Etats : d’une part la nature, d’autre part les nations encore régies par des rapports de type féodal (les peuples du tiers-monde). Parallèlement, on affirme que, puisqu’elles n’existent pas encore, les générations à venir ne peuvent prétendre à aucun droit. La contradiction fondamentale repose sur le fait que ces pilleurs bafouent à l’échelon international des principes moraux qu’ils appliquent à l’échelon national (l’égalité). Il ne fait aucun doute que la structure nationale-socialiste de l’économie mondiale actuelle implique que la pacification sociale à l’intérieur de l’Etat s’accomplisse grâce à une exploitation conjointe de la nature et du tiers-monde, et se traduise ainsi par une aggravation de la crise écologique. Si on ne parvient pas à la juguler, cette aggravation provoquera des catastrophes en comparaison desquelles les cataclysmes sociaux annoncés par Marx nous paraîtront bénins.