La mode est au nucléaire, c’est donc la ruée vers l’uranium. Le marché enregistre en effet un impressionnant déficit, la demande s’élevant à 70 000 tonnes par an et l’offre à 40 000 tonnes. Encore heureux que les Russes aient apporté leurs stocks militaires dans le cadre de leur accord avec les Américains baptisé « mégatonnes contre mégawatts », mais cette solution touche à son terme. Le prix du métal gris, non coté sur le marché, est donc passé de 10 dollars la livre début 2003 à 38,50 dollars en février 2006. Pour atténuer les fluctuations des cours, EDF, premier acheteur mondial d’uranium avec 9000 tonnes par an, avait pris ses précautions en renouvelant ses contrats jusqu’en 2018. De plus EDF met en avant que l’uranium n’entre que pour 4 % environ dans le coût du kilowatt. Mais comme les réserves d’uranium ne peuvent couvrir que 30 à 60 ans de la consommation actuelle, la flambée des prix de cette matière première ne pourra que se poursuivre. La recherche et la mise en production de nouveaux sites ne feront que reculer un tout petit peu l’échéance ; l’uranium est une ressource limités et non renouvelable, comme le pétrole ! Il n’y a qu’une seule solution, la sortie du nucléaire…
La première loi française encadrant la gestion des déchets radioactifs a été votée en 1991 et porte le nom de son rapporteur, le député PS Christian Bataille. En fait il ne s’agissait que de fixer un délai de réflexion de quinze ans pendant lequel on testerait trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. Arrive bientôt l’échéance d’un nouveau vote au Parlement en 2006 et rien n’est scientifiquement satisfaisant. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques, il n’existe ni sélection de site, ni plan d’entrepôt pour les déchets HAVL (haute activité et vie longue) et les recherches sur le site d’enfouissement à Bure dans la Meuse ne permettent pas encore de conclure à la faisabilité du stockage géologique. Alors les humains parlent encore de « contrôle démocratique », de référendum (consultatif) auprès des populations des zones concernées, quitte à acheter par des soultes versées à des communes le droit de polluer les générations futures. La Biosphère fonctionne selon des processus de recyclage, les humains ont abandonné cette réalité pour ne s’intéresser ni à la pérennité des ressources naturelles nécessaires à leur activité, ni à la gestion des déchets. Il n’y a pas d’avenir pour une telle attitude : une démocratie véritable impliquerait de faire voter non seulement les générations futures, mais aussi les non-humains qui supporteront le poids de l’inconscience présente. Il n’y a qu’une seule solution, la sortie du nucléaire.