Le mensuel La Décroissance nous présente en septembre 2008 un dossier Survivre aux survivalistes. Résumé et commentaire :
« Aux Etats-Unis, les survivalistes se donnent comme père fondateur Kurt Saxon, qui édite depuis 1974 une revue «le survivant ». Il s’agit de présenter des techniques de survie, mais aussi de combat dans la perspective de l’après-pétrole. Il ne s’agit pas tant de se préparer à survivre dans un monde devenu hostile que face à des humains devenus hostiles. Le survivaliste s’inquiète plus des futures pulsions de ses congénères que des possibilités de garder la terre fertile. Ce mouvement compte des milliers de membres, surtout aux Etats-Unis, qui réapprennent les techniques de la terre, la ferronnerie, l’artisanat d’antan. Selon eux, l’entrée dans l’ère du pétrole rare et cher va se concrétiser par une grande famine, par une relocalisation très brutale et par le retour à un âge de fer où seuls les plus organisés survivront. Cependant, la famille survivaliste est composée de différentes tribus, survivalisme individualiste, militariste, raciste, anti-humain… De toute façon, c’est toujours une manière égoïste et apocalyptique de voir la décroissance. Ne nous leurrons pas : face à la crise du pétrole, on ne s’en sortira pas tout seul, réfugié dans son chalet à la campagne. »
La question de fond, c’est la question de l’homme : humain ou inhumain ? Cette question n’a jamais été historiquement tranchée, sauf qu’on peut dénombrer des individualités particulièrement non-violentes, mais en petit nombre, et des clans agressifs en grand nombre. Dans nos sociétés de masse, la violence est déléguée à l’Etat, ce qui permet de minimiser le nombre de morts sauf quand l’Etat adopte lui-même un comportement clanique. Avec la pétrole-apocalypse, les Etats sortiront renforcés, gérant la pénurie et organisant le rationnement. Mais l’Etat est dépendant de ressources financières prélevées sur la population. Des pays africains aujourd’hui n’ont plus d’Etat central, mais des bandes armées ; la crise entraîne en effet l’impossibilité de recouvrir l’impôt. Avant d’en arriver au stade ultime de la décomposition clanique d’une société, l’Etat doit donc dès maintenant organiser la relocalisation des activités, cultiver l’esprit démocratique et entraîner les citoyens à agir local et penser global. Puisque l’Etat reste le soutien du capitalisme libéral individualiste et aliénant, un avenir en rose n’est pas certain. Mais contre la brutalité de l’homme, mon choix personnel restera celui de la non-violence et de la coopération : c’est la seule méthode, être humain soi-même pour qu’un jour les humains deviennent plus humains.