L’impact d’une personne sur les écosystèmes est dépendant des techniques qui sont mises en œuvre, mais à leur tour ces dernières sont dépendantes de l’étendue de la division du travail mise en œuvre. Un penseur de l’écologie politique, Ivan Illich, en a montré toutes les implications : les techniques les plus économes sont souvent celles qui ne font pas appel à une division du travail complexe, car cette division exige transports, énergie et délégation à des entités qui deviennent lointaines et étrangères, engendrant de l’hétéronomie. Un raccourcissement de ces détours de production démesurés est nécessaire : telle est la conclusion de la plupart des comparatifs en termes d’analyse de cycle de vie. C’est assez facile à comprendre et même à mettre en œuvre dans certains domaines comme l’alimentation (Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne par exemple), des vacances en vélo, etc. Le respect des res communis conduit à des voies low-tech. Mais pouvons-nous renoncer à nos machines IRM, ou aux ordinateurs ?
L’évolution technique est loin d’être une simple thèse académique, c’est un pan entier de notre cosmologie ; c’est pourquoi les débats entre technophiles et technophobes prennent rapidement la forme d’un débat « pour » ou « contre » l’homme lui-même. C’est effectivement la nature de l’homme qui est en question : si l’enjeu est réellement de nature ontologique, alors cela signifie que nous entrons sur le terrain des explications religieuses, métaphysiques. Dès lors l’écologie n’est pas simplement un discours visant à faire entrer la nature en politique, mais un discours qui cherche à changer l’idée selon laquelle l’être humain serait avant tout un homo faber destiné à accroître sans cesse la finesse de ses outils par division du travail afin de dominer la nature.