Plus s’accroissent les performances des machines, plus le corps humain paraît lent et son intellect dépassé. Pour certains, qui se proclament haut et fort « transhumanistes », l’organisme humain ne serait donc plus qu’un brouillon à rectifier. Usage des psychotropes pour fabriquer des états psychiques à la demande, recours à la chirurgie esthétique pour parfaire les apparences, interaction du fonctionnement biologique avec des ensembles électroniques. Les humains pourraient alors devenir cyborg (cybernetic organism), être hybride fait à la fois de chair et de puces de silicium. Après les pacemakers, les implants cochléaires et les seins en silicone, les humains pourraient adopter des yeux artificiels et des microprocesseurs greffés sur leur système nerveux. Avec la maîtrise techno-scientifique des biologistes et des informaticiens, l’humanité a maintenant la possibilité de créer la symbiose du vivant et de l’inerte. C’est ce futur que nous concocte l’article « les espions volants de demain » (LeMonde du 26.05.2008). Titre prémonitoire ! L’humanité deviendrait alors une armée d’insectes après avoir incorporé des connexions solides et stables entre tissus biologiques et tissus informatisés. Cette hybridation entre matières vivantes et technologiques ne peut que se terminer en cerveau-machine qui acceptera la soumission et les inégalités. Depuis le temps que l’humanité a essayé d’augmenter son contenu cérébral (bavarder, lire, s’interconnecter…), cela se saurait si nous avions réussi à faire une société idéale ! Au contraire nous continuons à nous entre-tuer et à bousiller la Biosphère.
Le quotidien Le Monde s’interrogeait un jour : « Comment le législateur pourrait-il ne pas se prononcer sur des entreprises qui viseront à produire des êtres humains « améliorés ». Nous sommes en plein délire transhumaniste, cette volonté techno-scientifique d’améliorer les performances humaines en couplant notre corps et notre cerveau avec des prothèses. Mieux vaudrait pratiquer le transhumanisme, cette vision d’un humanisme ouvert et élargi qui ne chercherait plus à accroître la domination humaine, mais à vivre en harmonie avec toutes les formes du vivant.