Les sociétés « d’avant le développement » obéissaient principalement à des logiques de « reproduction » et non de « production ». Elles visaient avant tout à reproduire du lien social, ce qui supposait de garder le sens des limites (Frédéric Durand). Leur but premier était de permettre la reproduction d’une communauté, à la fois démographiquement et culturellement. On n’adoptait une innovation que si elle ne mettait pas en péril l’équilibre général. Cette conception montre la voie de l’après-développement (François Partant). Pendant la révolution industrielle, les avancées de la science sont spectaculaires, mais nécessitent plus que jamais à l'échelle de la planète un encadrement éthique. L’innovation se recentre sur les besoins fondamentaux de l'humanité (alimentation, santé, lien social).
En 2050, la notion de progrès technique ainsi que l’emprise de la technique sur la société est remis en question. Il est dorénavant admis par tous que les techniques thermo-industrielles sont conditionnées par les mécanismes de l’entropie. Nicholas Georgescu-Roegen, qui avait proposé dès 1979 un programme bioéconomique, est devenu un auteur de référence. La qualité d’une civilisation ne se juge plus par son degré de technologie et d’accumulation matérielle. Les enseignements de Jacques Ellul, Ivan Illich et quelques autres formatent la pensée de chacun. La division du travail, complément obligé de la complexification technologique, est simplifiée. Le détour de production n’est plus allongé comme précédemment, mais au contraire raccourci. Le transhumanisme n’est plus défini comme une symbiose entre l’homme et la machine, mais comme l’ouverture de l’humanisme aux générations futures et aux non-humains.
En 2050, il s’agit dorénavant de limiter la dégradation des écosystèmes en abandonnant nos moyens techniques disproportionnés (pesticides, OGM , nanotechnologies, géo-ingénierie…) et d’échapper à l’idéologie de la technoscience. Le progrès culturel est prépondérant et conditionne l’acceptation sociale des innovations technologique. La compréhension des mécanismes de la biosphère et la compassion envers autrui forment le socle des techniques éducatives. Dès le plus jeune âge, on a appris les méfaits de la mégamachine et les avantages des techniques douces. Le système techno-médical ne recherche plus à repousser la mort à n’importe quel prix (euthanasie).