Il est mort le 4 janvier 2025, un des trop rares bonnes nouvelles en ce début d’année. Une grande gueule qui croyait avoir raison et qui a fait bien du tort. Combien de fois a-t-il décroché le téléphone pour éructer, péremptoire et volcanique, « Vous n’avez rien compris ! ». Il assénait ses propres vérités jusqu’à la mauvaise foi. Il était pourtant scientifique. Sa thèse sur la « géochronologie des systèmes ouverts » l’avait conduit aux Etats-Unis. Il fonde le département de sciences de la Terre de l’université Paris-VII.
Mais les dérives intellectuelles de Claude Allègre commencent très vite. Le volcan de la Soufrière se réveille en 1976, il appuie l’option de l’évacuation des populations, Haroun Tazieff y est opposé. L’éruption n’aura pas lieu. Il ferraille sur l’amiante. En 1996, après la création d’un « comité anti-amiante de l’université de Jussieu», Claude Allègre prend publiquement position contre le désamiantage des locaux, évoquant un phénomène de « psychose collective ». L’usage de l’amiante sera interdit par décret en France en 1997. Un premier bilan épidémiologique fera état de la mort de cinq chercheurs de Jussieu d’un cancer de la plèvre causé par l’exposition à cette fibre cancérigène.
Le voilà saisi par la passion politique. Le portefeuille de ministre de l’éducation nationale est à la mesure de ses ambitions : ce devait être son apogée, ce sera son fiasco. En quelques semaines, il claironne qu’il va « dégraisser le mammouth », que « la cogestion avec le SNES, c’est fini », que « 12 % d’absentéisme des enseignants, c’est beaucoup trop », que la formation permanente des professeurs est une bonne chose, à condition d’être effectuée durant leurs « quatre mois de vacances ». Dès janvier 1998, une première vague de grèves démarre dans le primaire ; elles ne cesseront pratiquement plus. Ami de Jospin et socialiste, il votera Sarkozy en 2012.
Professeur émérite de géophysique, il devient pourtant un climato-sceptique assumé. Il assure, fin 2006, contre le consensus des climatologues, que les changements climatiques en cours ne sont pas le signe d’un réchauffement de la Terre et que l’activité humaine n’en est pas la cause. Il fonde son réquisitoire sur des données très approximatives, pour ne pas dire falsifiées, il fait une interprétation erronée des travaux qu’il cite, il n’en a cure. Il tenait des propos délirants : « il a fait froid cet hiver ! Donc le changement climatique n’existe pas ». Ce n’était clairement plus un scientifique, et depuis bien longtemps.
Un accident cardiaque, survenu en 2013 lors d’une conférence scientifique au Chili, le contraint au silence. Il y a des vivants qui auraient mieux fait de ne pas exister.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Claude Allègre n’est qu’un saltimbanque (2009)
extraits : Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre 2009 que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre 2009 : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat…
Les arguments de Claude Allègre en débat (2010)
extraits : Nous avons (sur ce blog et ailleurs) été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre: « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? » Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est donc quelqu’un de foncièrement dangereux car il participe d’une manipulation de l’opinion publique par la négation du réchauffement anthropique, le culte du progrès technique, le dénigrement de l’écologie véritable, la désinformation scientifique….
florilège à propos de Claude Allègre (2010)
extraits : Le livre de Claude Allègre Ma vérité sur la planète est un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilise les généralisations les plus abusives contre les écolos : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier » … « La brute, c’est sans conteste José Bové. Son mode d’expression, c’est d’abord et avant tout la violence. On casse le MacDo de Millau, on casse une serre d’OGM à Montpellier, on fait le coup de poing à Seattle ou à Davos »… « Le truand, c’est Al Gore. C’est l’archétype du politicien américain, professionnel, mécanique mais sans conviction claire ni vraie connaissance des dossiers » …
Claude Allègre et l’écologie profonde (2010)
extraits : « L’animal ou l’arbre doivent être protégés, respectés, pourquoi pas vénérés, et cela doit être inscrit dans la loi ! C’est la stratégie de la deep ecology qui poursuit en justice ceux qui coupent les arbres ou qui tuent les insectes avec le DDT. Tout ce qui est naturel est bon. Donc tout ce qui modifie la nature est à poursuivre, à condamner. L’homme et la société passent au second rang. Comme dit Marcel Gauchet, « l’amour de la nature dissimule mal la haine des hommes »….
Notre article sur Allègre amène à écrire sur ce blog « Il y a des vivants qui auraient mieux fait de ne pas exister ». On ne souhaite pas la mort de cette personne, on constate seulement que si Hitler, Staline et bien d’autres n’avaient pas existé, sans doute nous nous porterions mieux. En fait c’est la même démarche que l’IVG, on évite une naissance de plus pour des considérations sociales. Certains malthusiens peuvent même souhaiter un monde de 1 milliards d’humains plutôt que de 8 milliards et plus, cela fait beaucoup de monde qui auraient mieux fait de ne pas exister. Il serait utile pour un débat approfondi d’éviter le moralisme et de s’attacher plutôt à la réalité de nos vies : méritent-elles d’exister ? Grave problème philosophique que chaque groupe social aborde à sa manière. (à suivre)
(suite et fin) Allègre amène un commentateur à écrire sur ce blog : « A quand la mort de tous les membres du GIEC, association de mafieux escrolos ». Cela ressemble à un souhait de mort comme notre commentaire précédent sur Allègre. Mais l’expression est plus ambigu, il y a peu de distance entre cette phrase et le fait de vouloir réellement tuer une ou des personnes jugées ne pas correspondre à ses propres idées. De plus la cible est différente. D’un côté Claude Allègre qui a fait beaucoup de mal pour inciter à ne pas considérer le réchauffement climatique, de l’autre l’appel à la mort de scientifiques qui nous éclairent sur le réchauffement climatique. C’est le paradoxe des dérives de la pensée humaine: ce sont souvent des non-violents qui sont tués par des extrémistes, Gandhi, Luther King, militants écolos, dessinateurs de Charlie, etc. Et on laisse vivre des malfaisants comme Poutine ou Netanyahu.
– « Grave problème philosophique que chaque groupe social aborde à sa manière. »
Raison de plus, à mon sens, pour éviter ce genre de «débat». Si Hitler, Staline et bien d’autres n’avaient pas existé… bien malin celui qui pourrait dire comment le monde tournerait aujourd’hui. Et si ma tante en avait… alors là j’vous dis pas !
– « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pascal, Pensées)
N’empêche que l’intelligence collective, ne serait-ce que celle des trois pelés et un tondu de ce blog, n’a absolument rien à gagner avec certains gros misérables.
– « Comme le souligne L’imposteur, c’est lui, essai vif du journaliste scientifique de Libération Sylvestre Huet, Allègre dit n’importe quoi tout en endossant les habits du paria, stratégie classique de tout imposteur. Pas grave : il anime les plateaux endormis et crée avec ses chiffres fumeux et ses connaissances approximatives l’illusion d’une vraie querelle scientifique.
Sa présence permanente ne tient pas seulement à ses affinités avec des directeurs de journaux et des présentateurs, elle relève aussi de son statut de “bon client”. Claude Allègre fait le show : peu importe les inepties qu’il profère ou les insultes qu’il lance aux scientifiques “mafieux” du Giec , seuls comptent les échos de sa mauvaise foi. »
( Tube à essais : La posture de l’imposteur – lesinrocks.com 26 mai 2010 )
Finalement aussi brillant en sciences qu’en politique, Allègre aura été une des plus grandes figures du grand n’importe quoi. Oser le qualifier de «grand scientifique» en dit long sur la grande confusion qui règne sur tout et n’importe quoi. Je préfère encore croire que ces éloges font seulement partie de l’hypocrisie de circonstance. Autrement dit le politiquement correct.
Yaël Braun-Pivet : « Chère Évelyne Dhéliat, il y a dix ans, vous marquiez les esprits en présentant un bulletin météo pas comme les autres : celui du mois d’août 2050 : « Dans l’après-midi, nous dépasserons encore les 40 degrés : 41 à Strasbourg, 42 à Lyon et jusqu’à 43 degrés à Nîmes ». La prévision a déjà dépassé la réalité. Les 41 degrés ? Atteints à la Rochelle en 2022. Les 43 degrés ? Largement dépassés à Vérargues, dans l’Hérault, où le record absolu de chaleur en France a été battu le 28 juin 2019 – avec 46 degrés. Oui, aujourd’hui, « notre maison brûle. » Mais ce soir, nous ne regardons pas ailleurs…. (à suivre)
(présentation du débat à l’Assemblé nationale mardi 17 décembre 2024, « Faut-il décroître pour survivre ? »
Yaël Braun-Pivet (suite) : « ….D’un côté, les défenseurs de la croissance verte affirment que le découplage entre croissance et émissions de CO2 est non seulement souhaitable, mais possible.
Mais en face, les partisans de la décroissance font remarquer que le concept de « croissance verte » relève plutôt de l’oxymore. Pour eux, il s’agit d’acter une évidence : si le monde entier consommait comme les Français, il faudrait 2,9 planètes pour subvenir à nos besoins. eut-on vraiment concilier fin du monde ou fin du mois ? Et comment garantir l’acceptabilité sociale, géographique, générationnelle, de cette bifurcation écologique ?…
(présentation du débat à l’Assemblé nationale mardi 17 décembre 2024, « Faut-il décroître pour survivre ? »
Marcel sur notre blog: « Je me déclare climatosceptique en ce sens que je ne crois absolument pas en les thèses du GIEC et c’est mon droit. A quand la mort de tous les membres du GIEC , association de mafieux escrolos et des climatocrédules ,bon débarras. »
Le point de vue de Marcel est significatif d’une grande partie de la population, le climato-scepticisme progresse en France. C’est un fait et l’exacerbation actuelle des conditions météos ne change rien quand il s’agit d’opinion personnelle. On ne peut argumenter sur ce négationnisme, il est de l’ordre de la foi en ses propres préjugés. « Je ne crois pas » écris Marcel. En d’autres termes, cela veut dire « je crois que j’ai personnellement raison contre tous les climatologues réunis au sein du GIEC au niveau international »… mais comme ma croyance pourrait être l’expression d’un doute, j’agresse toutes les personnes qui ne pensent pas la même chose que moi. (à suivre)
(suite) Marcel utilise des « arguments d’autorité » qui ne peuvent prévaloir que par la violence exercée contre les mécréants. Marcel souhaite explicitement la mort de tous les membres du GIEC ! On connaît ce genre de pratique, c’est la même que celle des grands inquisiteurs ou des fatwas. En cette période où on se remémore le massacre des dessinateurs de Charlie hebdo, on voit bien à quoi nous faisons référence. Pas la même de lui demander sur quel point le GIEC aurait tort. Pour Marcel ce ne sont que des mafieux et des escrolos. Pour lui, la discussion est close sans avoir à argumenter sur le pourquoi et le comment du GIEC. (à suivre)
(suite et fin) Nous sommes vraiment désolé de l’état d’esprit de Marcel, un habitué de longue date de ce blog. Cela fait donc longtemps qu’il lit tout ce qu’on peut dire du GIEC et du réchauffement climatique. Il n’a pas bougé d’un poil. Il paraît même s’être complètement fermé à tout avis contraire. Le seul point positif,c’est que Marcel continue d’intervenir sur ce blog. Au moins il accepte de se frotter à des avis contraires…. Voici ce que nous écrivions le 6 juin 2005 :
« Dans le cadre du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la communauté scientifique française converge pour annoncer un réchauffement moyen de la planète compris entre 1,5 et 4° d’ici 2100. Plus grave, il restera encore 20 % de CO2 dans l’atmosphère en l’an 3000 par rapport à ce qui a été émis en 2000, et ce même si on s’était arrêté immédiatement à ce niveau. »
– « Le seul point positif, c’est que Marcel continue d’intervenir sur ce blog. Au moins il accepte de se frotter à des avis contraires…. »
Franchement… je ne vois pas ce qu’il y a là de positif.
Non quand même; même en désaccord avec quelqu’un on écrit pas ça le lendemain de sa mort. On ne peut pas appeler au dialogue respectueux dans le cadre des débats et dire des choses aussi cruelles.
« Il est mort le 4 janvier 2025, un des trop rares bonnes nouvelles en ce début d’année. »
« Un accident cardiaque, survenu en 2013 lors d’une conférence scientifique au Chili, le contraint au silence. Il y a des vivants qui auraient mieux fait de ne pas exister. »
Ayant dû le subir tant sur le plan professionnel dans le monde des Sciences de la Terre qu’intellectuellement et socialement sur celui de la politique et de la désinformation qu’il pratiquait assidûment, je me rallie volontiers à cette « bonne nouvelle ». On ne peut pas bouder son plaisir à la disparition des malfaisants, sauf à considérer que chacun a une place équivalente au prétexte d’une prétendue rédemption universelle.
A quand la mort de tous les membres du GIEC , association de mafieux escrolos et des climatocrédules ,bon débarras 😁😁😁 ?
Cela fait du bien de le dire et de le penser aussi.
Sans être aussi catégorique et cassabt que Allègre , je me déclare climatosceptique en ce sens que je ne crois absolument pas en les thèses du GIEC et c’est mon droit .
Cela dit , je désapprouve le supporteur zélé du tout technologique comme Allegre
Le GIEC ne publie pas des thèses, mais des comptes rendus d’études scientifiques qui font l’unanimité de leurs pairs. Par conséquent, il ne s’agit pas de « croyance », mais d’information.
Monsieur Barthes, même si je trouve moi aussi que ce n’est pas très beau de se réjouir de la mort de quelqu’un, fusse-t-il un pauvre type, je vous trouve là plutôt prout-prout. Comparés aux saloperies de Marcel, ces deux passages qui vous choquent tant, que vous jugez trop cruels… ne sont que du pipi de chat.