Il semble qu’on peut tout faire dire à la science et son contraire, contestation frontale du système agro-industriel d’un côté ou soutien total de l’autre : 1000 scientifiques d’un côté et 1000 autres de l’autre… Cela serait amusant si le sort des générations futures n’était pas en jeu. Faut-il être du côté de la science transgénique ou du côté de la science « naturaliste » ?
1) Un millier de scientifiques européens ont mené sur les réseaux sociaux une opération de lobbying auprès du parlement européen, intitulée « #GiveGenesAChance » (« donnez une chance aux gènes »). Les 6 et 7 février 2024, les députés européens débattaient de l’assouplissement des règles en matière d’OGM. Ils s’agissait d’autoriser les nouvelles techniques génomiques (NGT en jargon techno-globish), parmi lesquelles les « ciseaux génétiques » Crispr-Cas9.
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/ngt-vers-un-monde-genetiquement-transforme
2) Plus de 1 000 scientifiques : « Les propositions de l’exécutif sur l’agriculture sont une régression pour l’environnement et la santé ». Un collectif de chercheurs spécialistes des questions d’écologie et de santé, parmi lesquels la Société française d’écologie et d’évolution, le conseil scientifique de l’Office français de la biodiversité et la réserve naturelle nationale du Val de Loire, s’alarme des décisions prises par le gouvernement pour mettre fin aux mobilisations des agriculteurs.
commentaire de Pièces et main d’œuvre (7 février 2024)
Les jeunes chercheurs pro-NGT qui ont lancé cette opération postaient des photos de leurs équipes devant leurs labos avec des pancartes : « Science is clear, say yes to NGT », « Trust in CRISPR », « I love NGT », « Believe in scientist, believe in NGT », « Trust in science ». Leurs pancartes proclament leur volonté démiurgique de re-création. Ces scientifreaks sont poussés par de prétendues organisations environnementales réunies dans l’alliance WePlanet, parmi lesquelles Replanet (mobiliser le « génie humain (…) pour une vision positive du futur ». En fait, des lobbys scientistes qui préconisent toujours plus de technologie pour nous sortir de l’impasse où nous ont conduits les technologies et les technocrates. Dès juillet 2023, le CNRS et cinq organismes de recherche européens (le « G6 ») avaient publié un communiqué pour demander la levée des restrictions sur les OGM, se plaignant du retard de l’Europe dans l’utilisation des nouvelles techniques génomiques.
Ce mercredi 7 février 2024 en fin de journée, les eurodéputés ont obéi, votant la proposition de règlement de la Commission européenne, qui sabote l’encadrement des semences végétales issues des nouvelles techniques génomiques. « Science wins ! », exultent les technocrates.
Commentaire des écologiste éclairés
25 pages de signataires contre une régression agricole, des scientifiques de toutes natures contre la politique gouvernementale productiviste, c’est significatif. Aucun groupe syndical ne peut se permettre de tordre le bras de nos dirigeants pour pouvoir faire ce qu’il veut si c’est au dépens de la santé et de l’avenir de l’ensemble de la population. Rappel de l’appel d’Heidelberg e de son dévoiement de la science:
« Publié pour influencer la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement en 1992 (sommet de la Terre de Rio de Janeiro), l’appel d’Heidelberg a été signé par de nombreux scientifiques. Les signataires disent partager les objectifs du sommet, mais mettent en garde les gouvernements et les autorités responsables de la gestion de la planète contre la prise de décisions qui ne seraient étayées que par des arguments pseudo-scientifiques ou des données fausses et non pertinentes. Parmi les signataires et soutiens figurent environ 4 000 scientifiques et universitaires, dont 72 récipiendaires du prix Nobel.(…) Un mémo de Philip Morris de mars 1993 attribue l’initiative de l’appel à l’industrie de l’amiante, rejointe plus tard par celle du tabac». A la manœuvre à l’époque, le cabinet CES qui, par ailleurs, mis au point l’agriculture « raisonnée » pour le compte du syndicat de l’agrochimie. Tout se tient.
Lire aussi, l’appel d’Heidelberg 1992 et son commentaire en 2012
1/2 Bien, voici un thème pour lequel je peux apporter un peu d’éclairage. Je suis né a la science biologique avec la génétique. Les techniques sont donc récentes, moins de 50 ans, et ont beaucoup évoluées.
Le fait de modifier l’ADN est une vrai question philosophique et la question morale est au cœur de la réflexion.
Ce n’est pas seulement une question de technologie ni de savoir.
Quels sont les enjeux des modifications ?
Pour la production agricole, l’idée est d’améliorer le rendement et la qualité des produits voire l’intérêt commercial. Ce n’est qu’une continuation des millénaires de sélection faite depuis les mésopotamiens sur le blé tout comme les animaux domestiques comme le mouton qui vient du mouflon. C’est le côté positif.
Dans l’aspect positif, Pourquoi on ne produit pas un maïs avec tryptophane? Quasi tous les acides aminés sont produits par cette plante.
Suite pour le négatif…
2/2 La question des effets négatifs vient avec l’impact sur les espèces sauvages. Pour les animaux domestiques, le cloisonnement est assez bon , encore que. Pour les végétaux , le cloisonnement n’existe pas car le pollen et les graines se disséminent très loin et les hybridations sont très fréquentes.
Donc la manipulation génétique modifie l’équilibre toujours en mouvance des espèces sauvages.
Est-ce bien ou non? Finalement on pourrait dire que la nature va faire le travail de régulation des nouvelles espèces du moment qu’elles ne sont pas trop invasives.
Le problème vient du génie humain qui va inventer des gènes ou utiliser des gènes d’espèces très éloignées de l’espèce modifiée. Par exemple , on va faire produire un principe actif (médicament) par un plan de tabac.
On comprend qu’introduire un tel gène modifie la nature même du tabac et la question du devenir de ce gène dans la nature se pose.
Suite 3…
3/2 😅 Si c’est un gène qui produit un insecticide , quel va être l’effet de cet insecticide dans la nature? Quels vont être les effets en chaîne?
On pourrait croire que les laboratoires savent ce qu’ils font mais pas du tout, les gènes sont positionnés un peu au hasard et on sait que l’enchaînement des gènes a une importance dans son expression en protéine ainsi que sur les gènes suivants. C’est pour cela que les plants modifiés passent au champs pour valider les caractéristiques recherchées.
Bref, on joue à l’apprenti sorcier et les impacts sur la nature ne sont absolument pas maîtrisés.
Comme toujours, il faudrait limiter la demande et ces modifications ne seraient plus nécessaires. Il faut réduire le nombre d’humains.
Plutôt intéressant, j’ai découvert le tryptophane… jeté un œil sur Wiki pour savoir un peu ce que c’est (extrait : « Cas d’empoisonnement […] Ce tryptophane tua 37 personnes et en rendit 1500 autres infirmes. Il s’agit d’une véritable catastrophe industrielle liée à un produit obtenu par manipulation génétique commercialisé. »)… ce qui me fait penser qu’il vaudrait mieux ne pas en mettre dans le maïs. Mais bon, je ne suis pas généticien. Ni marchand de maïs, encore moins sorcier, même pas apprenti. Par contre je suis déçu par la conclusion. L’argument du Surnombre pour justifier le recours aux OGM (ou NGT) a ses limites. Le but de ces (nouvelles) technologies n’est pas seulement d’augmenter les rendements, mais aussi d’adapter ces plantes à un nouvel environnement. Notamment les rendre plus résistantes au changement climatique, tout en utilisant moins d’engrais ou pesticides. Mais bien sûr, là derrière il y a le monde du Pognon (Système).
Quand je pense qu’il y en a qui vouent un culte démesuré aux innovations … Mon dieu ce qu’il est con ce robot ! Deux fois qu’il me jette !
Je compte sur Biosphère pour lui remettre la pendule à l’heure. 🙂
Au bistrot, sur Biosphère, dans la rue, dans les urnes etc. quand Pierre Paul et Jacques expriment leur opinion (point de vue) sur le pouvoir et son exercice… ils FONT de la politique (définition Larousse). De toute façon tout est politique.
Quant à faire dire à la science tout et son contraire, pour moi ce n’est que le résultat de cette grande confusion, entretenue par cette avalanche d’infos et d’infox.
Si tout le monde fait de la politique, se permet même d’exprimer ses opinions sur la science (comme sur n’importe quoi), peu de gens font de la science. Seuls les scientifiques font de la science. Et encore, seulement lorsqu’ils suivent à la lettre la très rigoureuse Démarche Scientifique. Un chercheur payé par une firme qui lui demande, par exemple, de «prouver» la non toxicité de telle ou telle molécule, celui-là ne fait pas de la science, il fait de la politique. ( à suivre )
Même si tout le monde ne sait pas exactement ce qu’est un conflit d’intérêts, tout le monde sait que le monde politique est plus ou moins corrompu par le monde du Pognon.
Comme le sont les mondes artistique, sportif etc. Comment alors le monde scientifique pourrait-il être épargné ?
– Comment les conflits d’intérêts interfèrent avec la science (theconversation.com)
D’où cette défiance croissante envers la Science. Et tout et n’importe quoi finalement.
Comme ON est incapable de faire la part des choses, le plus simple ici est d’en faire une généralité : TOUS pourris ! Sans oublier le plus important (vital) qui finalement consiste à croire ce qui nous arrange. Et ceci pour tout et n’importe quoi, les OGM, le Glyphosate, le Vaxin Covid, le climat, les effets sanitaires du cannabis etc. etc.
Et bien sûr pour tout ce que je raconte. Comme ce qui se raconte là :
– Nous sommes tous impactés par nos propres biais cognitifs (decideo.fr)