2/4) croiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiissance, Meadows contre Hollande

Les grandes aventures humaines ont toujours eu pour objectif de dépasser les limites. Les expéditions de Marco Polo, Vasco de Gama, Magellan, Colomb… ont toutes un point commun : aller voir ce qui se passait au-delà de la limite connue. La Lune est à 400 000 kilomètres de la Terre, séparée par le vide. Qu’à cela ne tienne, un peuple entier se mobilise pour parvenir à y faire une promenade. L’ère industrielle a fait de la technique le terrain de jeu favori pour tutoyer la limite. Aujourd’hui, que l’on soit grand sportif, grand drogué, grand patron ou grand artiste, on est « grand » quand on a dépassé une limite.

Dans le livre The limits to Growth – The 30-year update (2004), il est presque uniquement question des limites, non point pour les dépasser, mais au contraire pour s’en accommoder. L’idée de base qui a nourri ce livre est d’une simplicité biblique : pour que les hommes puissent produire, qu’il s’agisse de nourriture ou de la fusée Ariane, il leur faut des ressources naturelles. Tant que nous poursuivons un objectif de croissance économique perpétuelle », nous pouvons être aussi optimistes que nous le voulons sur le stock initial de ressources et la vitesse du progrès technique, le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par « effondrement », il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, de la production industrielle et alimentaire par tête. En 1972, The limits to Growth soulignait que la seule manière d’éviter cette issue était de stabiliser le PIB mondial au niveau de 1975 et d’affecter tout progrès technique à venir à « faire plus propre à consommation constante », et non à favoriser une consommation croissante. Ce n’est pas le chemin que nous avons suivi depuis.

Une question lancinante, devenue plus urgente que jamais, n’a toujours pas trouvé d’enceinte où être débattue à son juste niveau : si la croissance doit, à relativement court terme, devenir un simple souvenir, comme organiser un avenir qui soit désirable ?

Préface résumée de Jean-Marc Jancovici au livre Les limites à la croissance (dans un monde fini) de Meadows et Randers(éditions Rue de l’échiquier, 2012, première édition en anglais 2004)