La loi prévoit pour les déchets de haute activité un stockage à environ 500 mètres de profondeur. Conduit par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), le projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à Bure (Meuse) définit les bases de ce stockage géologique. Francis Sorin est un partisan convaincu de cette solution. Voici son argumentation sur LE MONDE* : Le confinement des déchets écarte pratiquement la menace d’une vaste contamination de l’environnement. Prenons l’exemple des déchets les plus radioactifs (HA) : incorporés dans une matrice de verre qui piège les radioéléments, ils sont enfermés dans des conteneurs en acier spécial, eux-mêmes placés dans des surconteneurs, lesquels sont disposés dans des ouvrages de protection scellés (alvéoles), creusés dans la roche et revêtus d’un chemisage métallique. Ces remparts successifs ont la capacité d’emprisonner les déchets sur des durées se chiffrant en milliers d’années. Le stockage bénéficie d’une barrière supplémentaire : une couche d’argile de forte épaisseur imperméable et stable. Les déplacements des radioéléments sont très réduits, de l’ordre de quelques centimètres tous les dix mille ans. Les rares déchets qui pourraient parvenir en surface le feront sur des dizaines de milliers d’années, cet étalement dans le temps rendant leur concentration très faible et leur impact potentiel quasiment nul. De plus les ingénieurs ont imaginé les cas de figure les plus préjudiciables à la sûreté du système. Dans tous ces cas, les études montrent que l’impact du stockage ne dépasserait guère celui de la radioactivité naturelle. Un autre avantage essentiel du stockage en profondeur est qu’il met les déchets à l’abri des phénomènes naturels extrêmes : inondations, séismes, érosions, glaciations. De même qu’il complique infiniment toute forme d’intrusion humaine, fortuite ou malveillante. C’est une des raisons majeures qui expliquent la préférence accordée au stockage géologique (en France et à l’étranger) plutôt qu’à l’entreposage de longue durée dans lequel les déchets restent exposés en permanence aux bouleversements environnementaux et aux incertitudes sociétales. Notre génération qui a bénéficié des avantages de l’énergie nucléaire n’abandonne pas aux générations à venir la charge d’en gérer les inconvénients. C’est là un avantage décisif par rapport à l’entreposage en subsurface qui impose un engagement permanent de nos descendants pour la surveillance et la maintenance des installations abritant les déchets reçus en « héritage ».
Cette argumentation a entraîné d’un débat parmi les commentateurs du monde.fr, débat auquel a participé directement Francis Sorin :
Papa a dit : Il n’y a dans cette tribune aucun détail technique qui nous explique en quoi la couche d’argile est sûre. Quels avantages par rapport au granit ? Quid des infiltrations, d’un incendie des déchets ?… Pour convaincre il faut avancer des arguments, parler du haut de son estrade ne suffit pas. Je ne suis pas contre un enfouissement je lis ce que je trouve pour me forger une idée mais là je n’ai rien trouvé qu’un ton paternaliste.
Francis Sorin : Vous conviendrez que je ne peux tout dire en 6000 signes. Les cas que vous citez : infiltrations, incendies sont largement documentés…avec bien d’autres. Ils sont consultables sur internet; je fais confiance à votre volonté d’implacable censeur pour les trouver ! Contrairement à ce que vous dites, ce sont des arguments que j’ai présentés dans mon article, ceux qui ont fait préférer le stockage géologique à l’entreposage de surface. Trouver cela « paternaliste » est pour le moins bizarre…
triplezero : Après une deuxième lecture du texte de Monsieur SORIN, aucun terme technique ou scientifique précis n’apparaît dans son « argumentation » . On est en droit de supposer que ce » journaliste scientifique » rapporte des avis et des connaissances qui ne sont pas les siens et dont il n’a pas toujours compris les significations .Ne serait-t-on pas en face d’un « lobby man » qui s’est trouvé un fromage à la mode ?
Francis Sorin à l’attention de triplezéro : merci d’avoir lu mon texte une deuxième fois. Vous lui portez un intérêt qui m’honore. De tous ces « avis et connaissances …dont je n’ai pas toujours compris les significations » j’ai fait un livre paru fin 2015 aux éditions EDP Sciences : »Déchets nucléaires, où est le problème? ». N’hésitez pas à l’acheter, il est plein de termes scientifiques et techniques qui vous plairont.
Pascal ANDREOLLI : Le problème ? Léguer à des milliers de générations un poison. Ces déchets sont un symbole de notre irresponsabilité.
Francis Sorin : Dans la plupart des entreprises humaines, le raisonnement éthique est affaire de comparaison. Ici, on compare stockage géologique et entreposage. On peut élargir ce champ de comparaison et considérer par exemple qu’au plan mondial la pollution atmosphérique due aux déchets des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) cause plusieurs dizaines de milliers de morts par an. Ce raisonnement vous laisse-t-il lui aussi rêveur?
* LE MONDE du 19 avril 2018, Francis Sorin : « Le stockage géologique est la solution efficace pour gérer les déchets nucléaires »
@maigrir
laissez les 1000 ans aux escalopes et réfléchissez un peu à ce que vous promettez, Prométhée.
Et quand tu vis 1000 ans,
tu as curieusement encore plus tendance à écrire et à faire encore plus d’âneries.
On se préoccupera réellement de ce genre de question quand on augmentera la durée de vie humaine via le transhumanisme. Quand tu vis 1000 ans tu as curieusement un peu plus tendance à te soucier de ce que tu produis.
@Florian, moi aussi je suis souvent amusé en constatant ceci ou cela.
Vous dites que « la démographie, qui multipliée par la consommation … est quant à elle complètement ignorée »… autrement dit que les problèmes bien réels ne suscitent guère d’émois et qu’ils sont complètement ignorés. Je ne dirais pas que ces problèmes bien réels sont ignorés, autrement dit que cette terrible réalité soit ignorée… elle est plus exactement refoulée, déniée !
Pourquoi ? Parce qu’elle est est terriblement anxiogène ! D’où ce satané problème de déni de réalité quasi généralisé.
Quant au danger des déchets nucléaires, il est renvoyé à très loin, aux calendes grecques. Et donc il est bien plus facile de le regarder en face. Hélas là aussi certains préfèrent faire l’autruche.
Je suis souvent amusé de constater combien la gestion des déchets nucléaires, à des centaines de mètres sous terre et à des échéances de dizaines de milliers d’années succite d’émotion et d’engagement. Mon propos n’est pas de savoir si c’est fondé ou pas, mais de remarquer que :
– la contrainte énergie/climat qui altère de façon certaine et autrement plus etendue les conditions de vie de milliards de gens à une échelle de quelques dizaines d’années ne suscite jamais autant d’émoi (!) ;
– la démographie, qui multipliée par la consommation nous catapulte de façon certaine largement au delà de la capacité de charge notre environnement, accélèrant l’échéance et augmentant le nombre de victimes en milliards, est quant à elle complètement ignorée (!)
Je suis souvent amusé de constater combien la gestion des déchets nucléaires, à des centaines de mètres sous terre et à des échéances de dizaines de milliers d’années succite d’émotion et d’engagement. Mon propos n’est pas de savoir si c’est fondé ou pas, mais de remarquer que :
– la contrainte énergie/climat qui altère de façon certaine et autrement plus etendue les conditions de vie de milliards de gens à une échelle de quelques dizaines d’années ne suscite jamais autant d’émoi (!) ;
– la démographie, qui multipliée par la consommation nous catapulte de façon certaine largement au delà de la capacité de charge notre environnement, accélèrant l’échéance et augmentant le nombre de victimes en milliards, est quant à elle complètement ignorée (!)