Instaurée par la loi de transition énergétique d’août 2015, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vise à définir une feuille de route plaçant le pays sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs à long terme. Nicolas Hulot a annoncé, le 7 novembre 2017, que la France renonçait à l’objectif de 2025 pour atteindre 50 % de nucléaire dans sa production électrique (contre 75 % aujourd’hui). Voici les autres objectifs à atteindre : réduction de 30 % du recours aux énergies fossiles d’ici à 2030, développement des renouvelables à hauteur de 32 % des besoins énergétiques à la même date, neutralité carbone en 2050, diminution de moitié de la consommation d’énergie à la même échéance.* Depuis janvier 2018, la France est entrée dans les débats : les Français sont-ils capables de parler d’autre chose que du nucléaire ?
Le maintien du nucléaire serait justifié par le raisonnement suivant : priorité doit être donnée à la diminution des gaz à effets de serre… et le nucléaire n’émet pas de CO2. De plus ce serait conforter les centrales à charbon comme en Allemagne. Cela condamnerait la PPE à un exercice autour du mix électrique, sur le rythme du développement des renouvelables et le rythme de fermeture des réacteurs nucléaires. Liquidons immédiatement le choix nucléaire. Pénurie prévisible d’uranium (une ressource non renouvelable), impossibilité d’une gestion durable (sur des centaines d’années) des déchets nucléaires, garantie improbable d’une stabilité géopolitique de la France pour sécuriser les centrales dans le siècle à venir, autant de raisons de programmer l’abandon progressif et définitif du nucléaire… Mais le problème de fond, c’est que la génération actuelle a toujours vécu dans un contexte d’abondance énergétique. Toutes les sources d’énergies possibles (nucléaire, charbon, gaz, hydraulique, éolien, etc.) se cumulent actuellement : un mix énergétique de rêve ! Cette génération n’est donc pas préparée à envisager, encore moins à subir un choc énergétique. Si elle était écolo-compatible, elle demanderait par exemple l’arrêt des voyages en avion et de la fabrication de bagnoles individuelles… C’est dans un tel contexte social, énergétiquement boulimique, que Nicolas Hulot est amené à parler de fin du moteur thermique pour les voitures, ce qui veut dire pour les citoyens passage aux automobiles électriques… et construction de nouvelles centrale nucléaires !
Le seul élément fiable de la PPE, c’est l’idée d’une « diminution de la consommation d’énergie », c’est-à-dire le passage d’une politique d’offre d’énergie à une politique de la demande. C’est le sens du mot négaWatt, l’énergie que nous sommes condamnés ne pas consommer. Vous sentez-vous concernés quand j’écris « habitat-tertiaire » ? Et si je vous dis « chauffage de VOTRE appartement », cela ne vous parle-t-il pas mieux ? Nous entrons dans une période ou l‘action consciente de chacun, sa responsabilité, est indispensable. Ce qu’il faut, c’est intégrer dans l’ensemble de nos actes les externalités négatives, les conséquences néfastes de nos propres consommations d’énergie. Est-il bien raisonnable de circuler en ville avec une voiture de 1300-1500 kilos pour transporter un bonhomme qui en pèse 70 ? Nous devons réfléchir en termes de besoins, les classer selon une grille qui va de l’indispensable au nuisible, en passant par le nécessaire, le superflu… Et cette grille doit faire l’objet d’une législation. Ai-je vraiment besoin de me déplacer ? Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Il faut aussi être conscient que la problématique du temps est importante, c’est une rupture rapide de notre psychologie consumériste qu’il faut mettre en place. Le gouvernement macroniste, comme son prédécesseur hollandiste, se refuse à voir la réalité en face : il y aura bientôt pénurie, la descente énergétique est proche. Le pic pétrolier (la quantité maximum de pétrole conventionnel extrait), déjà dépassé en 2006, était annonciateur d’un choc pétrolier (augmentation brutale du prix de l’essence, du kérosène, du fuel…) aura des effets socio-économiques bien plus proche dans le temps que le réchauffement climatique. C’est pourquoi la première des solutions dans un scénario réaliste reste la sobriété énergétique.
* LE MONDE du 14 mai 2018, Transition énergétique : En France, un débat dans l’ombre du nucléaire
Est -il bien raisonnable , monsieur le journaliste du monde , d’ avoir une population de plus de 65 millions d’ habitants et de laisser encore rentrer des gens qui aggraveront le problème .
Même avec une consommation de type « indien » , les 65 millions pèseraient encore très lourd dans la balance .
Le scénario « sobriété énergétique » signifie baisse de l’activité économique, récession, réduction du pouvoir d’achat. Est ce vraiment réaliste, alors qu’a peu près tout le monde demande plus de pouvoir d’achat ? Quels élus et corps intermédiaires vont soutenir les « grilles » que tu proposes?