Bonne nouvelle, LE MONDE* devient écolo et anti-Macron : alimentation, logement, énergie, aménagement… l’exécutif privilégie l’économie. La loi sur l’agriculture et l’alimentation (adoptée par les députés) a ainsi renoncé à toute forme de nouvelle réglementation pour protéger la santé des consommateurs et le bien-être animal. A l’occasion de la loi Elan sur le logement, le gouvernement a tenté d’écorner la loi littoral de 1986, en permettant l’urbanisation de certaines zones précieusement protégées. S’agissant des grandes réglementations environnementales, on élargit les mailles des filets protecteurs, comme sur les installations classées, le droit de l’eau, l’évaluation environnementale, etc. Emmanuel Macron soutient une future mine à ciel ouvert au milieu de la forêt amazonienne qui doit se traduire par l’exploitation d’un gigantesque site industriel avec des risques de pollution de l’eau pour les populations autochtones, la faune et la flore ; un décret « relatif à l’adaptation en Guyane des règles applicables à l’évaluation environnementale des projets, plans et programmes susceptibles d’avoir des incidences notables sur l’environnement » est publié au Journal officiel du 4 avril. Il semble taillé sur mesure pour le chantier de la Montagne d’or. Sous la pression des agriculteurs, de nombreux préfets ont réduit les « zones de non-traitement » qui interdisent l’épandage d’engrais et la pulvérisation de pesticides à proximité de milieux aquatiques. Un décret du 29 décembre 2017 permet aussi à un préfet de prendre des décisions non réglementaires dans l’aménagement du territoire, l’environnement, l’agriculture et la forêt, le logement et l’urbanisme. De plus le gouvernement, théoriquement pro-énergies renouvelables, veut renégocier à la baisse et de façon rétroactive les tarifs de rachat de l’électricité accordés aux premiers parcs éoliens en mer.
Comme Macron se veut un spécialiste de l’enfumage, il fait le 29 mai l’éloge (funèbre) de Nicolas Hulot : « Le bilan du gouvernement est largement positif. Il est bien plus important que celui des précédents gouvernements. Hulot y a largement contribué. A Notre-Dame-des-Landes, il s’est montré particulièrement adroit et il a réussi une médiation difficile. » Or l’abandon de NDDL n’a pas été fait pour faire plaisir aux écologistes, mais pour éviter des affrontements durables avec les opposants. Comme Nicolas est anti-chasse et que Macron flatte dans le sens du poil les chasseurs dans la perspective des élections locales, il court-cite Hulot en confiant le dossier de l’assouplissement des règles de chasse à Sébastien Lecornu, un secrétaire d’État de Nicolas. Hulot en est réduit à la parlotte, il devient selon le Canard enchaîné** « le ministre des questionnaires ». En mars, Nicolas Hulot annonce pour juin un grand plan biodiversité précédé d’une consultation publique. Parmi une trentaine de questions vertigineuses, « Le déclin des abeilles et des oiseaux sont symboles de la crise de la biodiversité. Qu’en pensez-vous et comment proposeriez-vous d’agir face à ce constat ? » Réponse d’un citoyen facétieux : « Que le ministre joue son rôle en interdisant directement le Round-Up ! » Autre question : « La France a-t-elle un rôle au niveau international pour protéger les grands singes vivant à l’état sauvage… » Résultat, beaucoup de réactions courroucées rappelant l’autorisation donné à Total d’importer massivement de l’huile de palme, de quoi contribuer à la déforestation en Indonésie et contribuer à restreindre l’habitat des orangs-outans.
Il est dorénavant manifeste qu’Emmanuel Macron ne changera pas sa politique croissanciste grâce à une « révélation » écologique induite par la proximité de Nicolas Hulot, devenu de façon illusoire « ministre d’Etat ». Il serait donc très étonnant, si ce n’est désespérant, que Nicolas ne démissionne pas avec fracas cet été comme il l’a déjà laissé entendre.
* LE MONDE du 9 juin 2018, Sur l’environnement, le gouvernement veut lever les contraintes
** Le Canard enchaîné du 6 juin 2018
Le président Macron : « Hulot est cyclothymique, un peu dépressif. Parfois il disparaît soudainement, il annule des rendez-vous de la veille pour le lendemain ; je crains qu’à un moment il craque et quitte le gouvernement ». Un conseiller ministériel : « Avec Nicolas Hulot, il y a des jours avec et des jours sans. Il y a des jours où il a conscience qu’il fait bouger des choses, peut-être pas hyper-visibles, et puis d’autres où c’est plus compliqué ! » Le ministre de l’agriculture Stéphane Travert : « Hulot ne quittera pas le gouvernement, il aime désormais trop le pouvoir. »
Sachant que Nicolas considère l’anti-écolo Travert comme son ennemi intime, ce point de vue agressif peut-il inciter le cyclothymique Hulot à rester au gouvernement ?
Portable interdit à l’école, mais forfait glyphosate toujours actif dans la duree à la cantine.
A vous d’apprécier le bilan
Ben oui Vert fané, c’est ce qu’on appelle faire un grand écart. Certes Nicolas a encore de beaux restes, il a toujours été très souple, mais comme vous dites il fallait oser. Les mauvaises langues disent que c’est à ça qu’on les reconnait.
Un seul message su le sujet, ce qui prouve que le personnage n’emeut plus personne. Qu’il parte ou qu’il reste cela changera quoi au tableau actuel. Ecologie et ultra liberalisme fallait oser. Lui y croyait !!!
Nicolas Hulot risque de ne pas démissionner. Une fois dehors et non protégé par l’état, les journalistes et me too vont le réduire en charpie. Puis y aura tant d’autres crétins pour le remplacer!
Alors comme ça, il aura fallu attendre de voir les cou..lles pour enfin dire que c’est un mâle. Nicolas Hulot n’avait-il pas déjà mille raisons de ne pas se marier avec Macron ? Quand je pense à tous les espoirs que mettaient certains naïfs sur ces deux-là, il y a de quoi désespérer.