« Dans une dizaine d’années, pour les gens qui nous aurons fait prendre du retard dans le combat contre le réchauffement climatique, on parlera de crime contre l’humanité » (Michel Rocard)
Aux Etats-Unis, les climato-sceptiques mènent la bataille jusque dans les salles de classe Après la Louisiane en 2008, le Texas en 2009, le Dakota du sud vient de voter une résolution pressant les écoles d’adopter « un enseignement équilibré » de la question climatique. Il ne fait pas de doute que les climato-sceptiques américains adoptent la même stratégie que les créationnistes, visant, en la discréditant, à relativiser le poids de la science. Tout ce que le public retient, c’est l’hystérie et la controverse. Cela ternit l’image de la science climatique et de la science en général. (LeMonde du 26 mars 2010)
Dans les revues scientifiques, on dénombre pour la décennie 1993-2003 sous les mots-clés « Global climate change » 928 articles et tous, sans exception, étaient en accord avec la thèse du réchauffement climatique. Entre 1998 et 2002 dans la presse de référence (New York Times, Wall Street Journal, Los Angeles Times et Washington Post) les articles mettaient en balance un avis alarmiste et un avis négationniste sur la question du climat dans 53 % des cas. Le goût pour le débat d’idées, l’« objectivité » qui renvoit dos à dos les deux camps (syndicats-patrons, droite gauche, etc.), l’incapacité de se positionner en experts, la volonté enfin d’écrire en « positif » (le bonheur et le progrès sont plus vendeurs que le serrage de ceinture) ont offert une sur-représentativité à des climato-sceptiques pourtant bien isolés. (LeMonde magazine du 27 mars 2010)
Henri Atlan, qui bien sûr n’est pas un climatologue, divise les gens en deux catégories distinctes, les climato-sceptiques comme lui qui ont raison et ceux qui prônent avec les scientifiques la « religion de la catastrophe » (son point de vue dans LeMonde du 28-29 mars). Ce philosophe amateur a reçu un certain nombre de commentaires sur le Net dont voici un échantillon :
– Atlan ne fait pas la différence, dans sa critique, entre explication et prédiction en science. Ce n’est pas parce que les modèles du climat sont peu prédictifs qu’ils n’expliquent pas ce qui se passe. Venant de lui, c’est étonnant de négliger cette distinction. Israël et ses intellectuels ont définitivement choisi le capitalisme sauvage et son modèle d’exploitation de la nature et des hommes.
– Aux Etats-Unis au moins on sait ou trouver les climatosceptiques: dans les lobbies des firmes les plus polluantes. En France par contre ce sont (apparemment) des purs intellos, contestataires pour la beauté du geste, le progrès scientifique façon XIX et XXe siècle.
– Allez dire aux populations andines de la région de La Paz qu’il n’y a pas réchauffement, voir le reportage sur TF1 vendredi soir 26 mars. Les glaciers de cette région régressent, même celui de Chatalcaya a disparu ce qui provoque une crise de l’eau en saison sèche. M Atlan ce sont des faits pas des théories.
– Il est navrant de constater que même un philosophe comme M. Atlan confonde le principe de précaution avec le principe d’abstention (inaction frileuse). Le PP répond à l’injonction : « Dans le doute, mets tout en œuvre pour agir au mieux »(et pas »dans le doute abstiens-toi »). Le PP est »un principe d’action, d’audace, de recherche hésitante »(Bruno Latour)
– Présenter un consensus scientifique comme une idéologie et le comparer aux idéologies totalitaires du XXe siècle, c’est le niveau zéro de l’argumentation.
– Faut il vraiment choisir entre « sauver la planète » et sauver les populations dénutries et sans eau potable ? Parce que nous serions trop bêtes ou trop pauvres pour chercher à faire les deux ?
– Peut on déconnecter l’avenir de l’humanité de celui de la planète sur laquelle nous vivons ? Sommes nous des êtres surnaturels ?
Article qui confond tout, comme d’habitude. Qui divise les gens en deux catégories distinctes et impénétrables, comme d’habitude.
Pourtant, du côté de la science aussi, le climato scpeticisme existe.
Pourtant, on peut être climato sceptique sans basculer dans l’hystérie, c’est mon cas.
Pourtant, on peut être pour le serrage de ceinture par rapport à la raréfaction des ressources sans croire au réchauffement antropogénique, c’est mon cas.
Bref, c’est la tendance du moment des journalistes professionels et amateurs, simplifier les sujets au maximum et n’utiliser quasiment que l’émotion au lieu de la raison pour toucher le plus grand nombre, et surtout les esprits faibles.