Journaliste du MONDE* : « En 2010, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonçait que le pic de production du pétrole avait été atteint en 2006. Et pourtant, huit ans plus tard, la production continue à augmenter et le prix du baril est aujourd’hui loin du record atteint en 2008. Donner une date pour la fin du pétrole semble donc particulièrement difficile. » L’article reste vague, ce que ne fait pas le blog de Matthieu Auzanneau, un spécialiste qui a écrit une monumentale histoire du pétrole, Or noir. Résumé de son article Minuit et quart :
Oilman : Mes pires craintes sont en train de se réaliser. Les signes du changement climatique deviennent évidents à qui veut bien les voir. Mais qu’advient-il de l’autre grand péril qui menace nos sociétés techniques, et qui est lui aussi engendré par notre consommation d’énergie ? Que dire aujourd’hui de l’imminence du pic pétrolier, c’est-à-dire d’une possible cure de sevrage forcée de notre première source d’énergie ? Sans le shale oil (pétrole de schiste), et sans la résurgence du pétrole en Irak (au terme de près de quarante ans de guerres, la production mondiale de brut aurait effectivement atteint depuis 2005 un pic, ou plus exactement un plateau ondulant. Cette stagnation de la somme des extractions des principaux pays pétroliers mondiaux se produit en dépit du fait que les dépenses d’investissement (les « Capex ») dans le développement de la production d’hydrocarbures ont plus que doublé entre-temps. Autre élément persistant du diagnostic : les découvertes de pétrole conventionnel ont atteint un nouveau point bas en 2017 ; elles n’ont jamais été aussi rares et faibles depuis les années 1940, en dépit des efforts d’investissements et des quelque progrès techniques accomplis depuis plus d’un demi-siècle. Bref, les limites physiques à la croissance économique, telle qu’elle est alimentée depuis 150 ans par le pétrole, me paraissent se dessiner de plus en plus nettement.
Il serait judicieux d’être prudent, et prévoyant, et consistant, mais non…La France n’est pas à la hauteur de l’accord de Paris sur le climat. Une chose encore : la Syrie et le Yemen, le Venezuela et peut-être même le Mexique démontrent aujourd’hui avec quelle soudaineté et quelle cruauté peuvent s’effondrer des nations à la suite (à cause ?) d’un déclin de leurs ressources énergétiques. Un historien russo-américain, Peter Turchin, a démontré de façon convaincante l’existence de cycles historiques de croissance et d’effondrement des sociétés liés à la capacité – ou à l’incapacité – des ressources naturelles à perpétuer le développement de ces sociétés. A travers les exemples de l’empire romain, de la France du Moyen Age, ou encore de la Russie impériale, on y voit les sociétés d’abord croître sans développement des inégalités entre le peuple et les élites, puis la population et les revenus des classes populaires passer par un maximum, permettant aux élites de proliférer grâce à la captation d’une rente abondante comme jamais. Puis : les guerres, les famines, longtemps…
La sobriété que je souhaite n’est pas juste une somme de choix individuels. Il est question de la sobriété des grands systèmes complexes qui nous permettent de vivre, d’une réorganisation favorisant systématiquement la simplicité et la robustesse de nos modes de production et de nos modes de vie. Ceci réclame une conversation collective historique, adulte et raisonnable. Nous sommes de plus en plus nombreux à percevoir clairement cela. Faisons-le savoir, et vite.
* LE MONDE du 14 décembre 2018, Quand commencera-t-on à manquer de pétrole ?
@ Rob
lire de Sarah Brunel, Les missions militaires au service de la biodiversité. Extraits sur notre blog : « L’insécurité écologique est principalement rattachée à la problématique énergétique, des rapports militaires récents de la Bundeswehr ou du Pentagone se préoccupent des troubles qui suivront le pic pétrolier. »
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/11/17/guerres-et-environnement-la-grande-transition/
» L’armée allemande a publié un rapport sur un crash sociétal dû au manque de pétrole rentable à l’extraction vers 2025 dans le quotidien Der Spiegel. »
On peut avoir un lien, une référence ???
Il a sûrement raison, d’ailleurs d’autres spécialistes de l’énergie font la même analyse. L’armée allemande a publié un rapport sur un crash sociétal dû au manque de pétrole rentable à l’extraction vers 2025 dans le quotidien Der Spiegel.
Ca risque de faire très mal d’ici 2030.
Il a sûrement raison, d’ailleurs d’autres spécialistes de l’énergie font la même analyse. L’armée allemande a publié un rapport sur un crash sociétal dû au manque de pétrole rentable à l’extraction vers 2025 dans le quotidien Der Spiegel.
Ca risque de faire très mal d’ici 2030.