Le matraquage publicitaire a remplacé le moteur de la guerre et de ses commandes massives pour booster l’économie. D’où l’invention de techniques pour obtenir de la population un comportement éloigné des pratiques économes de leurs parents. Les générations actuelles y sont tellement accoutumées qu’elles ont du mal à imaginer un monde où ce matraquage serait absent. Quant à l’ampleur des dégâts, il suffit de se souvenir de ce cri du cœur d’un patron de TF1 revendiquant le droit de vendre du « temps de cerveau disponible » pour faire boire du Coca-Cola. Aussi faut-il s’interroger : peut-on bâtir une société de la sobriété énergétique dans un monde pourri par le fric où les médias sont devenus les alliés objectifs des publicitaires ? Voici un résumé de l’analyse de Tim Wu* :
« Avec l’industrialisation des médias, notre attention a été convertie en revenus et nous avons été victimes de la logique du commerce. Cette exploitation ne vise pas à nous aider à maîtriser l’information, elle nous apporte au contraire des contenus insignifiants. Elle n’a pas cherché à nous élever, à développer nos connaissances, à créer du bien commun. Elle a mis en avant des rubriques comme les faits divers, les récits de crimes… La compétition entre médias pour capter notre attention dégrade les contenus, elle nous tourne vers le plus tapageur, le plus sinistre, le plus choquant. La publicité sert uniquement à développer l’économie, elle n’a jamais cherché à présenter une information objective, mais déforme nos critères de choix. L’exploitation attentionnelle est par nature une course contre l’éthique. La presse n’a pas cherché à réguler la publicité à cause des revenus qu’elle générait, elle a fait évoluer ses contenus pour mieux s’adapter à la demande des publicitaires.
Nous disposons de très peu de moyens pour limiter l’extension de la manipulation attentionnelle. La seule dynamique, qui a limité marginalement l’expansion des industries de l’attention a reposé sur les associations de consommateurs qui ont contribué à mettre en place certaines formes de régulations comme l’étiquetage des produits ou l’interdiction des publicités mensongères. Mais l’invention du prime time à la radio puis à la télé a fusionné information et divertissement créant une identité partagée autour de questions secondaires comme le foot ou les démêlés politiques. Dès que la nouveauté s’émousse, d’autres propositions se développent par de nouveaux objets attentionnels qui poussent encore plus loin l’exploitation commerciale des publics : naissance des jeux, des journaux télé, des feuilletons et séries, de la télé-réalité… On fait mousser l’intrigue pour que les gens restent accrochés. La mesure de l’audience est devenu un enjeu central des marchands d’attention, notamment avec l’invention de l’audimat. On a même identifié différents profils de population pour leur adresser des messages ciblés. Cette découverte des segments va entraîné la création des chaînes câblées et spécialisées, musique, sport, les chaînes d’info en continu. Le web va aller encore plus loin dans l’exploitation de la fragmentation de l’audience. La technologie incarne toujours une idéologie ; la possibilité de zapper met le spectateur dans un état d’errance qui n’est pas mauvais pour les marchands d’attention. Avec les réseaux sociaux, la conquête de l’attention humaine a même violé un des derniers espaces considérés comme sacrés, nos relations personnelles. On vend les mails des utilisateurs à des entreprises et leurs téléphones à des entreprises de télémarketing. Le web a exacerbé les pulsions humaines en favorisant le voyeurisme et la montée d’adrénaline. »
Saurons-nous préserver notre autonomie cognitive face à des techniques toujours plus invasives ? Trop peu de personnes prennent de la distance avec leurs écrans, l’addiction à la cyber-poubelle est devenue une maladie… et même LE MONDE a basculé dans la confusion entre valorisation des faits-divers et analyse sérieuse puisque ce groupe dépend de plus en plus des marchands et de leur manne publicitaire ! Devenons Casseurs de pub !
* Les marchands d’attention de Tim Wu
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2018/12/27/comment-reguler-lexploitation-de-notre-attention/
« Les médias aux ordres des publicitaires » , ces derniers étant les larbins de qui nous savons.
Chanson de Matthieu Côte : « Qu’est-ce qu’ils sont cons. » Superbement interprétée par la ravissante Carmen Maria Vega.
https://www.youtube.com/watch?v=GNLV_kvmoNw
PAROLES : « Sur un texte d’Arnaud Lagardère, une musique de François Pinault , je les embrasse.
Ok , Ok, Ok
On dit c’est la crise, on leur fout la trouille, on les culpabilise, la croissance part en couille, sauvez vos entreprises, défendez donc vos fouilles, ne voyez-vous pas les enjeux ? Allons vos emplois sont en jeu, allez ! Achetez, achetez, achetez, achetez ! Achetez…… Et ils le font. Qu’est-ce qu’ils sont cons !
On dit le bonheur à la portée de tous, un gros téléviseur, un écran 24 pouces, vous n’êtes pas des loosers, vous les niquerez tous, vous pouvez devenir des stars, vous pouvez gagner des milliards. Allez ! Regardez, regardez, regardez, regardez ! Regardez ……
(Refrain) : On a le monde à notre botte, 6 milliards de péquins moyens qui baissent docilement leur culotte, et qui nous bouffent dans la main
Qu’est-ce qu’ils sont cons ces pauvres, qu’est-ce qu’ils sont cons…
(extraits)
Trop de pub ?
Grenoble, ville sans pub.
Adblock généralisé
Europe 1 en chute libre…
… et Fr Inter ne se sent pas bien !