Le chlrodécone est un « scandale sanitaire », mais c’est aussi la preuve que sans application du principe de précaution, il y a irresponsabilité des producteurs. Pourquoi se gêner d’ailleurs, l’Etat agit ensuite pour essayer de limiter les dégâts. Ainsi il pourrait « fournir à la population la possibilité de connaître son degré d’exposition au pesticide » (éditorial du Monde du 24 juin). Nous estimons que l’Etat (les contribuables) n’a pas à réparer les méfaits entraînés par le productivisme agro-industriel. Il faut que le principe de précaution s’applique a priori à touts les activités humaines qui impliquent la mise sur le marché de nouveaux produits, ou de produits déjà en circulation mais non encore suffisamment analysés par de véritables scientifiques sans aucun lien avec le monde économique. Quelques phrases d’un livre récent qui permettent de saisir les données essentielles du débat :
« Comment comprendre la guerre déclarée par l’Académie des sciences au principe de précaution qui exige la recherche scientifique de réponses aux questions posées par les avancées technologiques ? Les rapports sont préparés par un petit nombre de membres dont certains entretiennent des rapports étroits avec l’industrie.
« Pour les géants industriels, si les connaissances ne permettent pas de connaître les risques de leurs produits mis sur le marché, il va de soi qu’ils ne sauraient en supporter les conséquences. A tous les coups, ils gagnent.
« Les opposants au principe de précaution seraient plus crédibles dans leur démonstration s’ils acceptaient d’assumer la responsabilité liée au risque inhérent à la mise sur le marché de tel ou tel produit. Mais il n’en est rien, la société contemporaine repose sur le principe du cobaye/payeur.
« Le principe de précaution ne s’applique évidemment pas à la recherche fondamentale, ni même à la recherche appliquée. Il ne joue que pour la mise en place de nouveaux produits ou de nouvelles technologies susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement et/ ou sur la santé humaine. Par voie de conséquence seul le domaine marchand, celui de l’application des technologies, est en cause.
« Loin d’entraver la recherche, le principe de précaution apparaît comme un principe d’incitation à obtenir le plus rapidement possible les réponses aux questions qui restent posée du fait de l’incertitude scientifique. C’est donc un accélérateur de recherche.
« On pourrait dire qu’entre le chlordécone, l’amiante, les PCB et le bisphénol A, la France est l’un des pays qui applique le moins le principe de précaution.
in « Sans le nucléaire on s’éclairerait à la bougie (et autres tartes à la crème du discours technico-économique) » de Corinne Lepage et Jean-François Bouvet.
Quelle Allégresse cet article !
Je prendrai le risque de revenir régulièrement lire ce blog dont j’imagine la fréquentation croissante.