Quand nous avons terminé la lecture du point de vue de Robert Zoellick*, président de la Banque mondiale, nous avons eu l’impression d’avoir traversé le vide sidéral. Ce type qui gère des milliards de dollars se contente d’ânonner des fondamentaux débiles, investissements (terme qui revient à chaque paragraphe), opportunités, productivité, yaqua, fauquon. Il ne se rappelle même plus son premier rapport de 2007 désignant l’agriculture comme « outil fondamental ». Il fait seulement référence au rapport de 2008 concluant que « la croissance est indispensable pour faire reculer la pauvreté ». Zoellick croit encore que « Le potentiel de croissance n’est pas limité à quelques marchés émergents. » Malgré la toxicité avérée de la potion, on continue de plus belle à vouloir l’administrer : toute croissance durable dans un monde fini est impossible. Pourtant la chute de Lehmann Brother avait mise en lumière le fait que l’orthodoxie dominante est mauvaise gestionnaire. Pourtant les crises écologiques qui se profilent, à commencer par la désertification des sols, vont déconsidérer le système actuel de production.
Zoellick se trompe, on ne peut éradiquer la pauvreté par l’investissement institutionnalisé et la croyance en la croissance. La place considérable accordée à cette croyance dans un quotidien de référence comme LeMonde va nous porter gravement préjudice car cela nous empêche de considérer l’essentiel. La croissance ne se « transfert » pas, dans un monde fini les « différentiels de croissance » résultent d’une guerre économique : le jeu est à somme nulle. La recherche de productivité en agriculture entraîne une détérioration des sols : l’agroécologie sera notre avenir. C’est la juste répartition des richesses produites qui éradiquera la pauvreté, les pays riches comme les riches de tous les pays doivent réduire fortement leur niveau de vie et apprendre à partager ; sans riches, il n’y a plus de pauvres. La concurrence et la compétition doivent être remplacés par l’aide à l’autonomie, l’aide à la constitution de territoires autogérés assurant leur souveraineté alimentaire. Nous vivrons bientôt le retour des paysans, nous serons un jour agriculteur ou artisan.
Allez, hop, monsieur Zoellick, 6 mois dans les rizières, pour apprendre à traiter de notre avenir…
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LeMonde du 17 septembre, « C’est la croissance qui éradiquera la pauvreté »