philosophie de la Nature selon Michel Onfray

La nature a disparu de la ligne de mire philosophique : Comment oser dire que les paysages ne se limitent plus au béton, au bitume et à l’asphalte ? Que la mer n’est pas seulement une occasion de plage pour cultiver les mélanomes ? Et ce sans se faire regarder de travers et suspecter de réactiver les thèses d’extrême droite. Ajoutons à cela le réflexe bien français de criminaliser toute référence à la nature comme un tropisme qui sent bon son pétainisme. C’est le point de vue de Michel Onfray*.

                Il est vrai que les jeunes citadins, n’ayant connu que le béton urbain et les pollutions sensorielles, se retrouvent coupés de la nature, ignorant ses rythmes, coupés des forces qui nous déterminent. Mais les philosophes, ceux qui savent prendre du recul et cultiver la sagesse ? Michel Onfray veut ignorer toute l’évolution  de la philosophie qui commence à poser les bas d’une éthique de la terre. Michel Onfray n’a pas encore fait la connaissance d’Aldo Leopold, Arne Naess ou John Baird Callicott, il n’a pas encore compris que nous ne vivons pas la disparition de la nature, mais l’aube d’une nouvelle ère, d’une recomposition de notre conception de la nature et de nos rapports avec elle. L’anthropocentrisme de la philosophie ordinaire doit s’effacer pour donner à la nature et à ses composantes une valeur intrinsèque. C’est le grand enseignement de l’écologie scientifique – science des interrelations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu – que de nous apprendre à voir et à ressentir que, depuis la bactérie jusqu’à la faune charismatique (l’ours blanc ou l’éléphant), nous appartenons à la communauté des vivants. Sans compter que procédant d’une même origine, tous les êtres vivants sont parents.

Pour l’éthique de la terre, nous faisons partie du paysage. C’est la conscience de cette réalité qui rend légitime, et fondé en raison, le projet philosophique d’une extension de l’éthique au-delà de la communauté humaine. Mais c’est aussi un vrai bouleversement, une rupture. L’éthique de la terre est un remaniement intime de nos loyautés, de nos affections, de nos centres d’intérêt et de nos convictions intellectuelles. Et chaque modification significative de la notion de nature emporte avec elle une modification du projet humain, dessine de nouveaux contours à la civilisation. Les civilisations se construisent aussi avec des idées. Callicott, bon connaisseur de Platon, ne cache pas que l’éthique de la terre constitue quelque chose  comme une renaissance de la philosophie.

 

*LeMonde du 29-30 septembre 2010, « Lire la nature » de Michel Onfray

3 réflexions sur “philosophie de la Nature selon Michel Onfray”

  1. Notre référence sur ce blog repose sur la philosophie de l’écologie profonde, qui n’est pas un soutien des « théories Gaïa ». Nous reconnaissons à la Nature une valeur intrinsèque, mais nous pensons aussi qu’à l’heure de l’anthropocène, le rôle des humains dans la nature est primordial : il n’y a plus d’autorégulation à la James Lovelock…

  2. Charles-Hubert de Girondiac

    Je doute un peu de votre interprétation de Michel Onfray. Je crois que vous ne parlez pas des mêmes choses. M Onfray ne nie pas du tout ce que vous éprouvez, dites ou faites. Il l’intègre à la nature-naturante, alors que vous parlez de la nature naturée.

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