généalogie des décroissants

Nicholas Georgescu-Roegen était un disciple de Schumpeter, le premier théoricien de l’évolution cyclique du développement économique. A la phase d’expansion doit succéder une crise, puis une nouvelle vague d’innovations et la reprise. Mais Nicholas va plus loin, la crise ne peut qu’être durable, il n’y aura pas de relance de l’économie. C’est la faute à l’entropie, grandeur utilisé en  thermodynamique pour caractériser le sens de l’évolution d’un système isolé, en particulier son degré de désordre. La loi d’entropie ou loi du désordre croissant a été découverte par Sadi Carnot en 1824 : on passe d’une basse entropie (énergie concentrée) à une plus haute entropie (énergie dispersée) de façon irréversible. En effet, toute production nécessite une dépense d’énergie, et tout au long de la chaîne d’activité qui va de l’extraction de la matière première jusqu’au consommateur final, l’énergie utilisée va se diluer dans l’environnement et de ce fait ne sera plus réutilisable.

Le terme de décroissance n’est pas utilisé par le livre fondateur de Nicholas, The Entropy Law and the Economic Process publié en 1971. Mais l’idée de décroissance ou d’après-croissance venait souvent dans les discussions qu’il avait à l’époque avec Jacques Grinevald. L’exemple du pétrole était l’un de ses exemples préférés, mais c’est à l’ensemble de la raréfaction du stock géologique des ressources minérales accessibles et utilisables qui faisait le moteur de sa pensée, tout en précisant qu’il s’agissait de la moitié du problème, l’autre moitié étant la pollution et les déchets. C’est en 1979, que le titre « Demain la décroissance », fut adopté par Jacques Grinevald pour la traduction de plusieurs textes que Nicholas lui avait envoyés entre 1976 et 1977. Georgescu-Roegen écrivait par exemple que « le développement durable est l’un des concepts les plus nuisibles » : même une volonté de croissance zéro, ou une décroissance qui utilise une énergie non renouvelable, est irrémédiablement voués à l’échec à cause de l’entropie, la dégradation de l’énergie. Le fait de brûler les énergies fossiles est un des signes de l’irresponsabilité de la classe globale.

Toute utilisation d’énergie non renouvelable accroît l’entropie, donc limite les possibilités des générations futures et celles de la Biosphère. Dans l’avenir, la société thermo-industrielle actuelle sera mise en accusation par les survivants.

 

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