Disons-le tout net, 34 listes pour les européennes ça n’intéresse que les plus convaincus : chacun votera pour son groupe de référence sans avoir jamais lu le programme ni même regarder les affiches électorales. Pourtant la visualisation des panneaux d’affichage officiels ouvre des perspectives. L’affiche qui a notre préférence, c’est celle d’Urgence écologie, une main verte sur fond de nuage menaçants. Pas de personnalisation de la présentation, juste la mention « votez pour le climat, votez pour le vivant, votez pour la jeunesse ». Une présentation de l’écologie radicale, contre les émissions de gaz à effet de serre, pour la préservation de la biodiversité, pour les générations futures ? Quant à l’affiche d’EELV, elle joue la notoriété nouvelle de sa tête de liste, Yannick Jadot, un peu trop seul en photo. Son slogan « ensemble nous pouvons tout changer » semble désuet.
L’affiche qui nous paraître redoutable, c’est celle du Rassemblement national. Il y a personnalisation d’une élection européenne, la tête de liste Jordan Barella est accompagnée de son mentor Marine Le Pen. Le slogan, « Donnons le pouvoir au peuple », est pernicieux. En apparence il s’agit de démocratie, « le pouvoir au peuple, par le peuple et pour le peuple », mais comme il s’agit de démocratie représentative cela veut dire en fait : « Donnez-nous le pouvoir et nous en ferons ce que nous voudrons puisque nous serons le peuple ». Aux dernières nouvelles le parti LREM assume lui aussi une présidentialisation forcenée de l’élection avec l’image grand format de Macron qui se retrouve partout. Sur l’affiche placardé, on présente six têtes « en marche », mais Nathalie Loiseau est mise en retrait par rapport à Pascal Canfin, ce transfuge des Verts qui sert d’alibi écologique à Macron. Leur slogan « en marche pour l’Europe, je vote renaissance », n’a aucun contenu réel, c’est du blabla ordinaire. Toujours dans cette démarche populiste de nationalisation des européennes, on trouve l’affiche de La France Insoumise : la jeune Manon Aubry est cornaquée par l’ex-présidentiable Jean-Luc Mélenchon. Le slogan « la voie de l’insoumission » a autant de crédit que « l’espoir revient » ; seuls les indignés par habitude s’y reconnaîtront. Après, c’est le discours convenu des vieilles lunes. Le PCF de Ian Brossat se veut « pour l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent ». Lutte ouvrière présente son dogmatisme traditionnel, « Contre le grand capital, le camp des travailleurs ». Le PS qui se rebaptise « social-écologique » mais aussi « citoyen « par perfusion avec Place Publique se dissout dans la personne de Raphaël Glucksman. Leur slogan « Envie d’Europe écologique et sociale », c’est du vent comme l’a démontré Hollande quand il a eu le pouvoir. Leur alibi écolo Claire Nouvian, c’est de la publicité mensongère : elle figure parmi les 7 noms affichés, mais elle est pourtant en positon inéligible, 78ème sur 79 candidats !
Passons rapidement sur « Le courage de défendre les Français, » « Ensemble pour le Frexit », « Refonder l’Europe, rétablir la France ». Tous ces gens n’ont pas encore compris que l’Union européenne, c’est un conglomérat de nations plutôt qu’une fusion réussie. Et nous n’avons pas à commenter toutes les listes qui n’ont même pas assez de moyens pour présenter une affiche officielle aux yeux des électeurs…