« Europe Ecologie Les Verts ». Tel sera sans doute le résultat de la fusion des écologistes de gauche à la mi-novembre. Mais qu’en est-il de leur programme ? Leur « Manifeste pour une société écologique » est manifestement socio-économique, certainement pas écologiste. Nous pouvons seulement lire au détour d’une phrase : « L’heure est venue de convaincre plus largement que l’écologie est autre chose qu’une niche spécialisée ou une thématique parmi d’autres. Il n’y a pas d’activités, de disciplines ou de secteurs qui échappent au prisme de l’impératif écologique. » Mais pour la concrétisation, rien ou presque. On demande le « respect des animaux en tant qu’êtres vivants », rien de plus ; les « droits du vivant » sont une simple annexe de l’émancipation des hommes et des femmes ; la « sanctuarisation du vivant et des équilibres naturels devrait se substituer à la pulsion dominatrice sur la nature », mais uniquement pour garantir la diversité biologique.
De plus la « Charte des valeurs » qui accompagne le manifeste n’accorde aucune valeur intrinsèque aux non-humains : il suffirait d’instaurer « un rapport respectueux et non violent entre l’être humain et la nature » et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il faudrait un « partage équitable des richesses et des ressources entre les peuples, entre les générations, entre les territoires et plus généralement au sein de la société », l’ensemble des besoins de la biodiversité, on n’en a rien à cirer. Nous sommes en présence d’une écologie très superficielle. En comparaison, la Déclaration de principes du Parti socialiste de 2008 était beaucoup plus écolo :
– Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins.
– Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles.
NB : pour une information succincte sur l’Acte 1er du rapprochement entre les Verts et Europe Ecologie : les assises territoriales. (LeMonde du 10-11 octobre 2010)
J.B. Foster et quelques autres essayent de repenser l’écologie à partir des analyses classiques de Marx. De l’autre côté il faudrait faire un travail théorique pour penser le statut de l’homme dans une nature ou on accorde une valeur intrinsèque au non-humains. La route est longue mais c’est la condition nécessaire pour faire un mariage durable entre la gauche sociale et les courants écologistes sérieux.
Oui le mariage entre les deux courants (gauche sociale et écologie) n’est pas idéal. L’écologie a été très caricaturé notamment par Luc Ferry et il faudra faire un gros travail théorique pour faire évoluer la situation. Plusieurs penseurs comme J.B. Foster essayent de penser l’écologie à partir du marxisme, il faudrait aussi que les écologistes pensent un peu mieux la spécificité de l’homme dans la nature. Accorder une valeur intrinsèque au non-humain est essentiel mais ce n’est pas suffisant pour penser la société humaine. Il y a du travail à faire pour construire un couple solide et crédible.