Quelques aphorismes d’Alain Hervé

A quoi sert l’homme ?

A quoi sert l’homme ? La biologiste Lynn Margulis propose une hypothèse : l’homme est un animal domestique élevé par les bactéries pour leur permettre de voyager et éventuellement de migrer vers d’autres planètes. Se souvenir que les bactéries occupent quarante pour cent de notre masse corporelle.

A quoi sert l’homme ? Les économistes répondent : à produire et à consommer, et que ça saute. L’homme se reposera en regardant la publicité pendant trois heures et demie par jour sur les écrans de télévision.

A quoi sert l’homme ? Après recherche, consultation et réflexion, nous proposons une réponse provisoire : à rien. Oui, je sais, il a inventé le téléphone portable, mais les pingouins et les pissenlits n’en ont rien à faire. Entre le petit trou dont il sort et le grand trou dans lequel il va tomber, il ne fait que consommer gaspiller, détruire, prêcher l’accélération, la prédation… Il se sert. Il s’est servi et il n’a rien rendu. Pourrait-il encore enchanter le monde, le servir, ne plus seulement se servir ?

Anthropocentrisme

L’anthropocentrisme ou anthropophilie est une religion comme une autre, sinon qu’elle ne se reconnaît pas comme religion. Un des prophètes de cette religion s’est exprimé un jour dans le journal Libération en affirmant : il va falloir décider si l’on veut sauver la nature ou l’homme. Ce chef-d’œuvre du crétinisme politiquement correct a le mérite d’afficher l’ignorance de ceux qui le profèrent. L’animal humain fait partie de la nature. C’est la nature qui a créé l’animal humain. L’animal humain est soumis aux lois de la nature. Il est soumis aux mêmes lois qui sanctionnent la prolifération de toutes les espèces vivantes, qui interdisent la surexploitation des ressources. L’animal humain ne peut pas survivre une seconde en dehors de la nature. Il respire l’oxygène de l’air, il mange les plantes qui ont capté la lumière du soleil… il n’a pas le choix. Un humanisme d’intelligence solidaire avec la nature est souhaitable.

Consommation

Le diplôme, c’est l’illusion de savoir sans avoir découvert ni expérimenté soi-même. Le haut salaire, c’est l’ombre capturée tandis que la proie de la vie s’enfuit. Le confort des appareils domestiques, c’est l’esclavage de leur achat et de leur entretien. La facilité de vacances éclairs à Bali, c’est l’insatisfaction d’avoir vu, sans comprendre ni participer. La retraite apparaît dérisoire après une vie massacrée par le travail.

On peut échanger immédiatement sa voiture pour une bicyclette, sa machine à laver individuelle pour une collective, une augmentation de salaire pour davantage de temps libre, un voyage au Maroc pour l’apprentissage de la botanique, une chaîne haute-fidélité pour une audition de mouettes, son patron contre un raton laveur.

2 réflexions sur “Quelques aphorismes d’Alain Hervé”

  1. Il y a des questions qui n’auront jamais de réponse. Soit parce que la Vérité est inatteignable, soit parce que la question est mal posée, autrement dit parce qu’elle n’a aucun sens. La question « à quoi sert l’homme ? » n’a aucun sens. Elle est donc absurde. Elle renvoie à cette autre « à quoi sert l’univers ? » voire « à quoi sert Dieu ? » Or il est impossible de dire pour qui ou pour quoi l’homme, l’univers ou Dieu sont UTILES, SERVIABLES. Cependant nous pouvons toujours y réfléchir, essayer de trouver des réponses à ces questions sans queue ni tête, ça peut sembler paradoxal mais je pense même que c’est … UTILE.
    En tous cas je ne pense pas que les fourmis ou les algues se posent ce genre de questions, elles se contentent seulement de vivre. A ma connaissance seul l’homme se les pose, on appelle ça ANTHROPOCENTRISME, nous voilà bien avancés.
    Quant à la CONSOMMATION, là oui nous pourrions parler de religion. Ses fidèles sont les cons-ommateurs.

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