Nous ne croyons plus à l’autonomie de la question environnementale en politique, NKM* non plus. Plus précisément, l’évolution des menaces (pic pétrolier, réchauffement climatique, perte de biodiversité…) va dans le sens d’une prise en compte par tous les élus sans exception de cet enjeu. Bien sûr l’écologie comme problématique nouvelle était nécessairement minoritaire à ses débuts. Bien peu avait lu ou compris le rapport du club de Rome en 1972. Le passage de certaines associations de protection de la nature à l’engagement politique s’est fait en France grâce à la candidature de René Dumont aux présidentielles de 1974 (1,3 % des suffrages exprimés), en corrélation avec le premier choc pétrolier et la question nucléaire. Mais depuis lors, l’idée écologique a fait son chemin tant dans les esprits qu’au niveau électoral. La sauvegarde des habitants de la planète rend désormais nécessaire le fait que les partis de gouvernement se saisissent de cet enjeu. Dès 2002, le mot d’ordre interne au Parti socialiste était de ne plus sous-traiter l’écologie. L’UMP au pouvoir a mis en place un Grenelle de l’environnement. L’écologie politique, de minorités externes aux deux partis de gouvernement, devient progressivement minorité interne. Comme l’exprime NKM, « La métamorphose doit venir de l’intérieur… Il m’importe plus de savoir si un parlementaire est motivé sur l’environnement que s’il vient du RPR ou du parti républicain. ».
Nous ne croyons pas qu’Europe-Ecologie ou les Verts, même regroupés, soient désormais d’une grande utilité, si ce n’est symbolique. Nous ne croyons pas que le Parti de Gauche de Mélenchon pourra porter très haut la question écologique. Nous ne croyons pas que Cap 21 de Corinne Lepage ait jamais pesé d’un grand poids. Nous ne croyons pas au Modem ou aux centristes. Nous pensons que si tous les écologistes sincères rejoignaient un parti de gouvernement, la cause écologique serait défendue beaucoup mieux qu’à l’heure actuelle. Nous laissons au flair de chacun de déterminer si les perspectives pour l’écologie politique sont meilleures à l’intérieur du PS ou de l’UMP !
* N.Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie : « J’ai sympathie et respect pour les personnes impliquées dans les partis écologistes, mais je ne crois pas à l’autonomie de la question environnementale en politique. Cela a été mon engagement à l’UMP. » (LeMonde du 28 novembre, L’image du Grenelle s’est brouillée)
Je comprends bien votre point de vue, mais je n’y souscris toujours pas.
Pour pousser l’exercice de politique fiction un peu plus loin, si l’avenir devenait globalement de plus en plus défavorable (crise économiques, écologiques, tensions géopolitiques etc.), la tendance naturelle populiste des partis serait probablement poussée au pouvoir. Je pense que cette tendance est à droite de nature sécuritaire, à gauche de nature collectiviste (donc également autoritaire).
Donc je trouve que poser comme postulat que les partis d’écologie politique sont condamnés à rester minoritaires est extrêmement pessimiste. Mais peut-être que l’avenir me montrera que j’ai été trop idéaliste dans ma jeunesse 🙂
Donatien,
Puisque les crises écologiques deviennent la préoccupation de tous, mieux vaut dorénavant pour un écolo rejoindre un parti dit de gouvernement pour modifier de l’intérieur le modèle idéologique traditionnel. Cela est d’autant plus vrai que, comme tu le dis, l’écologie est transversale, l’économie dépend d’abord de la bonne santé de la biosphère. Tous les encartés sont concernés. Si on met plutôt en avant la répartition des richesses, alors l’écolo rejoindra le PS, sinon il militera avec NKM. Le pôle écologique du PS voudrait par exemple instaurer un revenu maximal admissible.
De toute façon le problème des partis qui se disent écologistes, c’est qu’ils ont des pratiques similaires aux grands partis, lutte interne pour avoir une place d’élu, magouilles électorales, petits arrangements avec les partis frères, etc. Qu’EELV pousse en avant une non-écolo pour les présidentielles 2012, cela nous amuse (à moitié) !
En définitive, le sentiment écologique est d’abord une motivation interne… pour la simplicité volontaire.
Je trouve votre deuxième paragraphe assez peu argumenté.
Ce à quoi vous appelez, c’est à une prédominance de l’écologie politique, à une montée de ses enjeux dans tous les partis, jusqu’à atteindre la majorité d’un parti de gouvernement.
Seulement l’écologie n’est pas un satellite qu’on pourrait greffer sur un programme existant. Il ne s’agit pas d’une question autonome, mais d’une analyse structurante. Ainsi l’écologie politique implique de changer la manière d’appréhender les sujets économiques donc également les sujets sociaux. Cela a des répercutions transversales, qui vont de la politique de l’emploi à celle de la santé par exemple. Le modèle économique totalement ouvert et plus généralement le libéralisme, ainsi que la répartition des richesses sont mis en question.
A moins que tous les partis n’adoptent un programme radicalement différent, je ne vois pas comment ils peuvent intégrer les défie environnementaux de manière sérieuse dans leurs grilles d’analyse et leurs modèles idéologiques existants.
Ainsi, je pense que l’accession au pouvoir de l’écologie politique se fera par une « minorité externe » (construite sur l’écologie politique) qui va devenir progressivement majoritaire dans l’opinion, parallèlement à la progression des idées écologistes dans les études d’experts, dotés de plus ou moins de pouvoir technocratique.
Il s’agit là de politique fiction difficile à étayer, mais cette vision est supportée par l’analyse factuelle et réaliste des forces politiques en présence, des enjeux à aborder et des différentes options politiques à la hauteur de ces enjeux. Il n’y a guère de choix dans les options possibles : le seul projet que j’identifie est à base de décroissance socialement juste.