Apportons notre soutien aux décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron, jugés ce 11 septembre 8h30 à Paris. La planète brûle et le gouvernement persiste dans l’inaction et les petits pas. Face à cet immobilisme, la société civile se mobilise et agit pour sensibiliser l’opinion publique par la multiplication d’actions non-violentes, réprimées dans la violence comme sur le pont de Sully où la France a vu des militantes et militants pacifistes passé-es au poivre à bout portant. Au cœur de cette mobilisation, ANV-COP21 a lancé le mouvement dit des “décrocheurs”. Assumant le risque de la condamnation des militantes et militants de toute la France décrochent depuis des mois les portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies des petites comme des grandes villes. Un emprunt pour rappeler que l’action contre le réchauffement climatique n’attend pas. Après plus de 128 portraits décrochés, des militantes et militants sont d’ores et déjà sous le coup d’un passage devant la justice. Demain, les décrocheurs comparaîtront devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris – celle qui juge les terroristes et les délinquants chevronnés. Ils encourent cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Le 12 juin 2019, le tribunal de grande instance de Bourg-en-Bresse avait déjà condamné six militants d’Action non violente-COP21 : 500 euros d’amende avec sursis. Lors de l’audience du 28 mai, les militants et leurs avocats avaient insisté sur le montant « disproportionné » des amendes au vu du coût réel du portrait, soit 8,70 euros (sur le site de l’Elysée). Voulant dénoncer l’inaction du président face aux changements climatiques, la campagne #Décrochonsmacron met en avant l’urgence et l’état de nécessité qui poussent à agir, « de façon non violente » insistent les militants. Ces portraits pourraient être restitués en cas de changement de politique climatique et environnementale avait expliqué au président du tribunal l’un des prévenus, ce qui avait valu la réplique savoureuse de ce dernier : « Donc vous n’allez pas les rendre. » La jurisprudence devrait pourtant jouer pour ses militants : dans l’affaire des chaises empruntées par les militants altermondialistes, la plupart ont été relaxés.
Derrière les discours, la réalité de l’action gouvernementale va en marche arrière : glyphosate, épandage de pesticides aux abords des maisons, accords de libre-échange, investissements fossiles, taxe sur le kérosène, aides à la bio, etc. Non seulement rien de ce qui est nécessaire n’a été entrepris mais, pire, le gouvernement recule et applique à la lettre les besoins des lobbies. L’action des décrocheurs est une action bénéfique à la société. En attirant l’attention du grand public, ils rappellent le gouvernement à ses devoirs. Chacune de ces personnes prend des risques personnels pour aider le collectif à s’en sortir. Ils méritent des décorations, pas des condamnations.
Décrocheurs de portraits présidentiels : deux activistes écologistes d’ANV-COP21, jugés devant le tribunal correctionnel de Lyon ont été relaxés ce lundi 16 septembre. Pour cette action menée à visage découvert, le parquet avait requis une amende de 500 euros. Le juge a finalement ordonné, ce lundi, « la relaxe au bénéfice de l’état de nécessité et pour motif légitime » et considéré que le décrochage des portraits de Macron « doit être interprété comme le substitut nécessaire du dialogue impraticable entre le président de la République et le peuple » : « Face au défaut de respect par l’État d’objectifs pouvant être perçus comme minimaux dans un domaine vital, dit le tribunal dans son jugement, le mode d’expression des citoyens en pays démocratique ne peut se réduire lors des échéances électorales mais doit inventer d’autres formes de participation. »
Décrocher un élu est-il vraiment de la « désobéissance civile » ?
Elu par 25% des gens, grâce à des promesses non tenues, du fric douteux, de la prévarication médiatique… et un bon baratin de pro au service de la Finance ?…
Non, décrocher ce tableau relève… de l’hygiène public, de l’assainissement républicain, du bon sens démocratique, de « l’écologie intellectuelle »…
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[… mais vu le constat de la planète politique, y’a pire ! ]
En effet SAGAMORE, étant donné que le concept est flou, on peut toujours se poser la question de savoir si c’est là de la « désobéissance civile » ou pas.
En attendant, décrocher le portrait de Macron ça semble être interdit par la loi … et donc punissable …
Alors qu’ «Aucun texte de nature législative ou réglementaire ne prescrit l’utilisation des symboles républicains, que sont le drapeau national, le buste de Marianne, le portrait du Président de la République ou la devise de la République, dans les bâtiments publics». Autrement dit, rien n’oblige un maire à placarder le portrait du président dans « sa » mairie. Et puis… qu’est ce qui interdit à un citoyen de participer à la déco de sa mairie ? Après tout, si Untel estime que le portait de Macon fait tache, libre à lui de l’exprimer.
En attendant aussi… c’est sûr y’a pire !
Je suis quand même un peu réticent sur ce genre de choses.
En effet même si le sujet est ici mineur, si nous ne respectons pas les règles de notre société, alors nous n’aurons pas de légitimité pour faire respecter celles que nous promulguerons (ou espérons voir promulguer) pour protéger l’environnement.
Bonjour Didier Barthès.
Ce qui nous renvoie à la désobéissance civile et/ou civique, qui par principe s’inscrit dans un mouvement politique collectif et non violent .
Là encore, soit on est POUR soit on est CONTRE. Seulement, là encore, où est la juste mesure ? Autrement dit, les « décrocheurs » ont-ils franchi la limite ?
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas d’un côté prôner la désobéissance civile et de l’autre la condamner.
– » La désobéissance civile implique en effet la défense d’un intérêt qui dépasse l’intérêt strictement individuel de celui qui la pratique. Elle tire sa légitimité du fait qu’elle affirme défendre justement l’intérêt général contre des pratiques, une politique, des lois qui le contrediraient. Ce bien commun, c’est l’ensemble des richesses (l’eau, l’air…) et des droits (l’éducation, la santé, la culture…) qui doivent échapper à toute logique d’appropriation privée comme d’échange marchand. » (Xavier Renou – Petit manuel de désobéissance civile, 2009)
– » Devant tout pouvoir qui exige soumission et sacrifices de toute nature, la tâche du philosophe est l’irrespect, l’effronterie, l’impertinence, l’indiscipline et l’insoumission. Rebelle et désobéissant, et bien que convaincu du caractère désespéré de sa tâche, il se doit d’incarner la résistance devant le Léviathan et ses porteurs d’eau. » (Michel Onfray – Cynismes – 2000)
– » Chacune de ces personnes (les décrocheurs) prend des risques personnels pour aider le collectif à s’en sortir. Ils méritent des décorations, pas des condamnations. » (Biosphère – 11/09/2019)
Oui, et je propose qu’on leur décerne la médaille de l’ordre national du Mérite. Comme à Stéphane Hessel ! Justement, Stéphane Hessel qui disait : « Je souligne toujours l’écart entre légalité et légitimité. Je considère la légitimité des valeurs plus importante que la légalité d’un État. Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement. Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir. » (entretien dans l’hebdomadaire « Politis » du 18 novembre 2010)
Du grand n’importe quoi, là encore !
Déjà l’importance, le caractère sacré, attribué à une simple image. Même pas une œuvre d’art, donc unique, mais une simple reproduction tirée à des milliers d’exemplaires. Même pas le portrait d’un saint ou d’un de ces rares personnages qui traversent les siècles, non. Bref, un vulgaire tableau de pacotille en vente libre, que n’importe qui peut s’offrir pour la modique somme de 8,70 euros.
( Storytelling ! J’ai moi-même eu un jour l’immense honneur de me voir offrir, par un pote, le portrait de Tonton. Sacré plaisantin va. Je parle de mon pote. Quoique l’autre aussi. Je lui ai de suite trouvé sa juste place, au portait, sur la porte des chiottes, côté intérieur. Je me souviens que les gosses l’avaient joliment décoré, le portrait. Et chaque matin sa seule vue me mettait de bonne humeur pour la journée. Cette histoire me fait penser qu’il faut que je me trouve un portrait de Jupiter. )
Ensuite, la disproportion entre le prix de ce rectangle de 50X70cm de carton et l’amende encourue pour l’avoir seulement … touché. Touché, manipulé, tripoté, décroché… en tous cas, même pas abîmé, même pas détruit, même pas brûlé. Seulement touché ! Oh le crime !
Précisons en passant que l’image est tirée au format 50X70cm , qu’elle est donc un peu plus grande que pour le précédent président, 50X65. Juste pour rappeler ici, que le cadre et le verre valent bien plus cher que le papier. Là aussi, n’importe quoi !
Autre vision des choses. Celui par exemple de ce petit maire qui dénonce « un hold-up » et estime qu’il y a « des limites à tout ». Ben voyons ! Rentrer dans une mairie, décrocher gentiment le portait de Jupiter et s’en aller avec, autrement dit l’emprunter, au pire le voler… voilà donc quelque chose qui dépasse les limites ! Bref, un exemple là encore, de la perte de la juste mesure.
On peut penser d’autre part, que les « décrocheurs » reconnaissent et respectent eux-aussi ce caractère sacré. C’est gentiment, précautionneusement, qu’ils décrochent l’image religieuse, l’icône, pour ensuite en prendre grand soin avant de la « restituer »… lorsque Macron deviendra enfin un vrai écolo… c’est du moins ce qu’ils ont promis.