Le 51e « prix Nobel » d’économie a été attribué, lundi 14 octobre, à la Franco-Américaine Esther Duflo et aux Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde. Ils se partageront le prix de 9 millions de couronnes (environ 830 000 euros), on se demande avec qui ils vont partager cette somme à leur tour…
Notons que ce n’est pas un « prix Nobel », mais le « prix de la Banque centrale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ». Nobel doit se retourner dans sa tombe, et d’ailleurs ses descendants ne sont pas d’accord : Jamais, dans la correspondance d’Alfred Nobel, on ne trouve la moindre mention concernant un prix en économie. Comme un coucou, la Banque royale de Suède a déposé son œuf dans le nid d’un autre oiseau. Bref, la profession des économistes s’est frauduleusement appropriée le prestige de ce prix. Notons surtout qu’il faut remonter à 1990 avec le prix Nobel d’économie décernée à Elinor Ostrom pour avoir une vision réaliste de nos pratiques (gouvernance des biens communs). Le Nobel d’économie, c’est surtout pour le courant dominant, libéral-orthodoxe, business as usual.
L’an dernier, ce fut une imposture avec le prix décernée aux Américains William Nordhaus et Paul Romer. Les colauréats avaient « mis au point des méthodes pour conjuguer croissance durable à long terme de l’économie mondiale et bien-être de la planète ». Comme chacun devrait savoir, une personne qui croit encore qu’une croissance à long terme est possible dans un système planétaire clos (dont on a déjà transgressé toutes les limites) est soit un fou, soit un économiste. Pour être un bon économiste est faut d’abord être un bon écologiste, sinon c’est de l’économie hors sol. Pour lutter contre la pauvreté, les nobélisés sous-estiment les données biophysiques, matérielles, de notre habitat et de ses ressources. On ne peut attribuer le salaire minimum, l’assurance santé et la gratuité de l’éducation qu’à une minorité des humains, la grande majorité étant au bord de la famine et les pays développés au bord de l’effondrement systémique. Un système de redistribution n’est possible que quand il y a un surplus à redistribuer.
Parfaitement d’accord avec cette analyse de Biosphère.